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En audio : Françoise Bonardel, professeur de Philosophie à l’Université Paris I sur France Culture. 

 

 

Peu de gens connaissent réellement l’alchimie. Cette présentation générale a pour but de vous proposer d’en resituer les fondamentaux.
Nous développerons progressivement l’exploration de cette voie.

Par écrit, le début de l’émission avec Françoise Bonardel. L’intégralité ici

En vidéo : l’alchimie, une transmutation intérieure

Qu’est-ce que l’alchimie ?
Le mot alchimie vient de l’arabe alchimia. La vraie difficulté vient lorsqu’on cherche à comprendre ce que signifie « chimia ». On a pris l’habitude de considérer que l’alchimie était la transmutation des métaux vils et tout particulièrement du plomb en or. Ceci a permis au XIXème siècle, de détruire en quelque sorte la tradition alchimique en considérant que l’alchimie était l’ancêtre de la chimie et qu’à partir du moment où la chimie scientifique avait fait des progrès suffisants, il n’y avait plus de raison de s’intéresser à cette science occulte, cet ésotérisme d’un autre âge, qu’on nomme alchimie.

Dans le corpus alchimique il apparaît très clairement que l’alchimie est une pratique dont la matière est la donnée première sur laquelle opèrent les alchimistes. Mais ce qu’ils visent est une voie de rédemption et de salut qui comporte des aspects religieux et initiatiques. Il y a donc d’un côté l’aspect profane et de l’autre l’aspect initiatique de l’alchimie.

Les grands alchimistes classiques, du 12ème au milieu du 17ème siècle, travaillent conjointement l’aspect matériel et l’aspect spirituel de l’alchimie. Car la spécificité de l’alchimie, par rapport à des voies spirituelles ou religieuses, consiste à prendre en compte la matière et à considérer que c’est à partir de la matière et de sa transmutation, qu’on accède à une voie de délivrance, de salut et de rédemption. La matière est donc partie prenante de ce processus. C’est ce qui fait la spécificité de l’alchimie et c’est la raison pour laquelle on parle d’elle comme d’une cosmologie. C’est une manière d’entraîner la création entière dans un processus de régénération et de rédemption.

Il y a à ce sujet deux interprétations différentes : soit on rattache l’alchimie à un courant chrétien… on considère alors que la matière est l’expression du pêché originel, et on opère une rédemption par la pratique alchimique ; dans d’autres textes, par contre on considère simplement que la matière est immature et que la Création est inachevée. Il appartient donc de ce fait à l’alchimiste de la parachever.

C’est donc dans ce cas le thème du parachèvement et de l’accomplissement qui prédomine sur celui d’une rédemption  par rapport à une chute. Ces deux scénarios sont plus ou moins exprimés selon les textes.

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