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C’est dans tous les cas un moyen d’agir sur le monde matériel, de contrôler les forces de la nature, c’est bien le monde, la matière, la nature qui y est désigné comme l’objet d’une transformation dont le vecteur est d’un autre ordre, spirituel. Wikipédia recense diverses définitions intéressantes « La magie est l’étude et la pratique du maniement des forces secrètes de la Nature » écrit Papus, dont nous proposons un extrait ici.

Les théories de la magie dans les traditions anthropologiques anglaise et française
Frédéric Keck

Source : revue Méthodos
Frédéric Keck, « Les théories de la magie dans les traditions anthropologiques anglaise et française », Methodos [En ligne], 2 | 2002, mis en ligne le 05 avril 2004, consulté le 15 mars 2014. URL : http://methodos.revues.org/90 ; DOI : 10.4000/methodos.90

Présentation d’extraits

1/ Cette approche anthropologique repose sur la distinction contestable, la « progression », magie – religion – science

Citation
« De tous les problèmes traités par l’anthropologie, le problème de la magie est celui qui a suscité le plus de curiosité. La magie est une pratique qui n’a pas d’équivalent dans la société moderne, et elle a donc pu être considérée comme le type même du comportement irrationnel, étrange, exotique. Mais on ne comprendrait pas la fécondité théorique du problème de la magie si on en restait à la seule fascination pour l’étrange et l’exotique. La magie a suscité un intérêt théorique en anthropologie parce qu’elle apparaissait à la croisée de deux phénomènes familiers aux sociétés modernes et essentiels à leur définition : la science et la religion. La magie semble à première vue plus proche de la science que de la religion pour deux raisons : d’une part, elle postule une unité des lois de la nature et prétend agir sur elle grâce à la connaissance de ces lois, ce qui l’apparente à une science appliquée ou à une technique ; d’autre part, elle est le fait d’individus marginaux, considérés comme géniaux ou comme malfaisants, et non de collectifs se réunissant autour d’un culte, et c’est pourquoi l’apprenti sorcier a davantage été une figure du savant des origines que du prêtre. Mais la magie est proche de la religion en ce qu’elle invoque des entités non visibles dont elle postule l’action efficace dans le monde sensible ; en cela, elle participe encore d’un mode de pensée religieux, elle utilise des conceptions religieuses pour agir sur le monde. La magie serait donc l’annonce de la science dans des sociétés religieuses et la persistance de la religion dans des sociétés scientifiques. »

2/ L’approche de Malinowski

Citation
« La démarche de Malinowski consiste à poser le problème de la magie sur le terrain, c’est-à-dire par une observation participante de ceux qui opèrent la magie. Malinowski a en effet introduit l’observation de terrain en anthropologie, notamment par ses travaux sur les Trobriandais du Pacifique, dont il a tiré en particulier un ouvrage sur la magie, Les Jardins de corail. Dans cet ouvrage, Malinowski propose une théorie ethnographique du langage de la magie, qui consiste à replacer les énoncés magiques (spells, incantations) dans les contextes pratiques où ils prennent sens. »

Extrait de Malinowsky :
« Partons de la finalité de la magie. Elle est imaginaire de notre point de vue, mais est-ce une raison pour la considérer comme non-pertinente d’un point de vue social et culturel ? Certainement pas. La magie se produit dans un monde qui lui est propre, mais ce monde est réel pour les indigènes. Il exerce par conséquent une profonde influence sur leur comportement, et par suite il est également réel pour l’anthropologue. La situation de la magie – et par ce mot j’entends la scène d’action remplie d’influences et d’affinités sympathiques et toute pénétrée de mana – cette situation forme le contexte des incantations. Elle est créée par la croyance indigène, et cette croyance est une force sociale et culturelle très puissante. Par conséquent nous devons essayer de replacer les énoncés de la magie à l’intérieur des contextes appropriés de la croyance indigène, et voir quelle information nous pouvons en tirer qui nous aiderait à comprendre les incantations et à élucider les mots. »

3/ Lévi-Strauss
Il vise, d’après l’auteur, « à résoudre par la notion de structure symbolique le mystère de l’efficacité des pratiques magiques ».

Citation
« la croyance se cristallise dans un schème, c’est-à-dire que la magie actualise une structure qui est d’ordre intellectuel, et qui est autant une structure sociale qu’une structure cosmologique. Cette structure se reflète dans ce que Lévi-Strauss appelle à la suite de Mauss le complexe shamanistique, qui unit le shaman, l’individu qu’il guérit et la société, qui les soutient de sa croyance et qui en même temps trouve un intérêt vital à leur interaction »

4/ Dans la conclusions

Citation
« Dire que la magie est une logique pratique, c’est revenir à son sens premier de volonté d’agir sur le monde, volonté d’action qui est toujours partie prenante d’un ensemble de pratiques socialement acceptées ; mais c’est aussi prendre en compte le fait que la magie, en voulant agir dans le monde, doit en suivre les lois, et donc respecter une certaine logique. (…) Le remplacement de la magie par la science ne serait donc pas le remplacement de l’irrationnel par la rationalité mais celui d’une logique profondément enracinée dans un contexte social par un système de lois valant en dehors de toutes pratiques socialement déterminées. »

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