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Ce livre ne parle pas des médecines alternatives, parallèles, douces, naturelles, etc. Il interroge leurs fondements, en les confrontant à deux grandes logiques, ou bases épistémologiques : celle de la méthode scientifique, et celle de la foi.
Pascal Ide prévient le lecteur :
L’intention du livre n’est pas de passer en revue toutes les médecines complémentaires, mais, en répondant aux objections, de proposer des critères généraux de discernement, conjurant le double péril symétrique de l’accueil inconditionnel et de la méfiance systématique.

La démarche est particulièrement intéressante, car elle se situe aux antipodes des attitudes antagonistes

  1. de ceux qui condamnent les médecines alternatives au nom d’une soi-disant rationalité inébranlable (mais doit-on rappeler que la rationalité, dès lors qu’elle se base sur une démarche scientifique est sans arrêt remise en doute, retravaillée, et d’autre part s’il s’agit de médecine, il s’agit d’un art).
  2. de ceux qui ont une confiance aveugle dans leurs pouvoirs, ou qui s’inscrivent, tel le new-age, dans un ensemble de croyances et de modèles.

Cette démarche conduit l’auteur à analyser très précisément des logiques diverses auxquelles il nous convie à nous ouvrir tout en gardant notre esprit critique (mais pas de critique).

Il diagnostique la médecine conventionnelle : “la médecine conventionnelle encore massivement enseignée et pratiquée est une médecine que l’on pourrait qualifier d’atomistique, parce qu’elle découpe le corps. Elle sépare la personne de son environnement : le premier médecin ne prend pas en compte le contexte particulier du confinement. Elle sépare, dans la personne, le corps de l’esprit, c’est-à-dire les signes physiques du vécu intérieur : le médecin formé à la faculté n’interroge pas le patient sur la manière dont il vit son travail ou ses tensions. Enfin, elle sépare le corps en organes distincts : c’est là le point le plus frappant, le médecin allopathe ne s’étonne pas de ce que quatre signes apparaissent de manière quasi concomitante et multiplie les diagnostics sans faire de connexion.”

Il interroge aussi des concepts qui traversent les logiques thérapeutiques qu’il explore. Par exemple, toute l’importance de l’intériorité, ou encore, de quoi parle-t-on à propos des thérapies fondées sur la nature :
Cette ignorance concernant ces médecines non conventionnelles conduit parfois à suspecter leur caractère naturel – ce qui est d’autant plus paradoxal qu’elles sont qualifiées de « naturelles ». Cette suspicion qui se contente souvent de déconstruire telle ou telle médecine ou thérapie (« Sa seule efficacité relève de l’effet placebo ») va jusqu’à s’inquiéter de son éventuelle essence démoniaque. Par exemple, certains se demandent si la suggestibilité – l’efficacité de la suggestion étant supérieure à l’effet placebo20 – ne relèverait pas de la médiumnité et si l’hypnose ne serait pas une forme occult(é)e de spiritisme qui dissocierait le corps de l’âme, et dépersonnaliserait.

Sa réponse est bien sûr résolument négative. Et son explication de l’hypnose Ericksonienne est intéressante car elle répons sur le fond à sa caractéristique de “médecine naturelle” :
Or, il faut clairement affirmer que « la capacité d’entrer en état d’hypnose est naturelle2 ». Quatre critères, entre autres, l’attestent. Tout d’abord, cette capacité est « universelle26 » ; certes, les personnes sont diversement suggestibles27, mais elles le sont toutes. Or, répétons-le, la nature est ce qui arrive « ut in pluribus : le plus souvent ». Ensuite, nous exerçons cette capacité constamment, par exemple, dès que nous sommes focalisés sur notre monde intérieur28. Or, est naturel ce qui est spontanément exercé et qualifie nos actions. Peut aussi être qualifié de naturel ce qui s’enracine dans des processus organiques réguliers. Or, de nombreuses études montrent toujours plus précisément les mécanismes qui sont mis en jeu dans l’état de conscience hypnotique, par exemple les modifications de la connectivité au sein du réseau attentionel, particulièrement au niveau du cortex préfrontal dorso-latéral. Voire, il existe toute une littérature sur les réponses cérébrales liées aux métaphores que l’hypnose ericksonienne mobilise à titre thérapeutique29. Enfin, la nature n’est pas seulement ce qui est le plus fréquent, mais ce qui est bon30. Or, l’état hypnotique est bienfaisant. « La transe spontanée est l’une des rares protections naturelles contre la douleur intense : dans les situations de stress insupportable, le mieux est de se glisser dans un état d’hypnose pour se protéger31. »

Les notes de bas de page témoignent d’un travail sérieux de recherche et de diversité des sources :
Cf. Gwenda L. Schmidt & Carol A. Seger, « Neural correlates of metaphor processing : the roles of figurativeness, familiarity and difficulty », Brain and Cognition, 71 (2009) no 3, p. 375-386 ; Nira Mashal, Tali Vishne & Nathaniel Laor, « The role of the precuneus in metaphor comprehension : evidence from an fMRI study in people with schizophrenia and healthy participants », Frontiers in Human Neuroscience, 71 (2014) no 8, p. 818 ; Francesca M. M. Citron et al., « Conventional metaphors in longer passages evoke affective brain response », NeuroImage, 139 (2016), p. 218-230 ; Lili Tian et al., « The role of motor system in action-related language comprehension in L1 and L2 : An fMRI study », Brain and Language. 201 (février 2020), 104714.

  1. « Dans les oeuvres de la nature, le bien se trouve le plus souvent [ut in pluribus], mais le défaut et le mal le plus rarement [ut in paucioribus] » (saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie, Ia, q. 23, a. 7, arg. 3 et ad 3um).
  2. Antoine Bioy et Marie-Élisabeth Faymonville, La révolution de l’hypnose, op. cit., p. 24.
Un exemple de la façon dont les médias officiels traitent la question : générer le discrédit et la peur, là où il faudrait du discernement.

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