Souffle et incarnation : une célébration de l’être selon François Cheng
Dans un monde qui se perd souvent dans la vitesse, le bruit et la fragmentation, le Festival du Souffle www.tempsducorps.org propose une respiration rare : une immersion dans ce qui relie, anime, transforme — le Souffle, au sens plein que lui donne François Cheng. Bien plus qu’un événement culturel ou spirituel, ce week-end est conçu comme un chemin d’expérience, un espace pour se reconnecter à la source invisible qui traverse toute chose vivante.
Du Qi Gong à la poésie, de la calligraphie à la méditation, de la danse aux pratiques énergétiques, chaque moment est inspiré par le souffle dans sa dimension la plus vaste : non seulement physiologique, mais ontologique, symbolique, vibratoire.
Une pensée incarnée du souffle
François Cheng parle du souffle comme d’un principe de relation entre les êtres, entre les cultures, entre la matière et l’esprit. Dans sa vision, il est ce qui fait tenir ensemble ce qui semblait séparé : l’Orient et l’Occident, le visible et l’invisible, la douleur et la beauté. Cette respiration du monde, il l’a déclinée en poésie, en calligraphie, en méditations philosophiques, dans un geste rare : re-lier l’expérience sensible à une aspiration spirituelle.
Les intervenants de ce festival ne se contentent pas de commenter son œuvre : ils l’incarnent dans leur pratique, qu’elle soit artistique, corporelle ou méditative. On ne parle pas du souffle ici comme d’un concept. On le respire, on le danse, on l’écoute.
François Cheng : un pont vivant entre l’Orient et l’Occident
De nombreuses conférences viennent éclairer cette pensée-pont qui traverse l’œuvre de Cheng. Sa spiritualité ne divise pas, elle unifie. Elle explore l’intériorité sans rejeter le monde, elle ouvre à l’universel sans perdre l’ancrage personnel. Véronique Brient, Cheng Pei, Yolaine Escande et d’autres livrent chacun une facette de cette pensée vivante, enracinée autant que cosmique.
Ke Wen, elle, nous fait traverser le souffle par le corps, dans des rituels de Qi Gong, de Taiji et de méditation qui donnent chair à la parole de Cheng. Dans cette approche, le corps devient langage, et la présence une manière d’être au monde.
Un souffle partagé, entre arts, rites et silence
Ce festival est aussi un temps de célébration esthétique. À travers le spectacle Souffle ! de la Qi Dance Company, la poésie devient mouvement, et le corps devient écriture. Les musiques du monde, les rituels du thé, les performances poétiques ponctuent les journées comme autant d’éclats d’âme, d’interstices pour “entrer dans le silencieux”.
C’est cela que Cheng appelle le vide médian, cet espace du souffle entre les choses, au cœur des choses. Là où l’être peut s’ouvrir sans s’effacer. Là où la transformation peut survenir, sans violence ni rupture.
Une spiritualité contemporaine, incarnée et ouverte
À l’heure où tant d’initiatives spirituelles cherchent encore leur langage propre, le Festival du Souffle ose une voie singulière : celle d’une intériorité incarnée, d’une sagesse vécue dans le souffle et le rythme, dans le respect des héritages sans fermeture, dans l’élévation sans désincarnation.
Participer à ce festival, c’est expérimenter une spiritualité fluide, silencieuse parfois, mais toujours habitée. C’est sentir qu’il y a un lieu en soi — et entre nous — qui peut encore respirer, créer, aimer. Comme l’écrit François Cheng :
“Le souffle, à la fois non-être et être, esprit et matière, est toujours en action. Le vide médian résidant au cœur de toute chose les maintient en relation avec le vide suprême.”
Des conférences à ne pas manquer
🕛 12h00 – François Cheng, pèlerin entre l’Orient et l’Occident
Par Véronique Brient
“L’identité véritable n’est pas repli, mais ouverture à l’autre qui m’aide à me connaître.”
— François Cheng, Cinq méditations sur la beauté
Dans cette conférence, Véronique Brient explore l’itinéraire de François Cheng comme une construction intérieure, à la fois fidèle à ses racines chinoises et profondément inscrite dans la culture française. Ce parcours ne cherche pas à harmoniser les différences, mais à rendre possible une forme de présence dans l’écart.
La poésie de Cheng, nourrie par des traditions multiples, s’appuie sur l’expérience de la séparation, de la perte, mais aussi sur le désir d’unité sensible. L’écriture devient alors un outil pour penser le lien, à partir de ce qui semble ne pas coïncider.
🎬 13h00 – Le souffle chez François Cheng, à partir de “Et le souffle devient signe”
Par Yolaine Escande
“Le trait calligraphique est l’équivalent d’une respiration.”
— François Cheng, Et le souffle devient signe
Cette conférence s’appuie sur les œuvres calligraphiques de François Cheng pour interroger la manière dont un geste, un trait, peut contenir un principe de vie. À travers une lecture structurée du recueil Et le souffle devient signe, Yolaine Escande montre que le travail graphique chez Cheng ne relève pas de l’ornement, mais d’une démarche éthique.
Chaque signe est envisagé comme le fruit d’un rythme, d’un souffle, d’un silence. Ce n’est pas l’effet visuel qui prime, mais la capacité du geste à traduire une relation intérieure.
🕓 16h00 – François Cheng, le poète de l’être
Par Cheng Pei
“Ce n’est pas moi qui ai choisi la poésie, c’est elle qui est venue me chercher.”
— François Cheng, entretien (INA)
Cheng Pei propose ici une lecture de la poésie de François Cheng comme lieu de formulation d’une présence, d’un rapport exigeant à la réalité. Le poète ne cherche pas à embellir le monde, mais à le regarder avec une attention renouvelée, capable de faire surgir ce qui, autrement, resterait muet.
À travers quelques textes choisis, la conférence donne accès à un langage qui n’impose pas, mais qui accompagne. Un langage où l’être se découvre dans ses limites comme dans ses élans.
🕔 17h00 – François Cheng, entre intériorité et quête de l’universel
Par Véronique Brient
“Ce qui nous est donné, c’est la présence. Il ne nous est pas demandé de comprendre, mais d’accueillir.”
— François Cheng, De l’âme
Cette dernière conférence interroge le lien que François Cheng tisse entre l’intime et ce qu’il appelle « l’universel incarné ». L’écriture n’est pas pour lui une élévation vers un absolu abstrait, mais une manière de rendre lisible l’expérience humaine dans ses tensions, ses limites, ses clartés passagères.
À travers le jeu de miroirs entre soi et autrui, Cheng propose une spiritualité sans dogme, attentive à la densité du réel et à l’accueil des formes de vie les plus discrètes. Véronique Brient en restitue les lignes de force sans jamais les simplifier.