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Ethique, déontologie, et technologies

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Ethique, déontologie, technologie

De la philo, de la tech, C’est philothèque alors ? Emmanuelle, quand on évolue dans le monde de l’i a, on entend souvent parler d’éthique, mais aussi de déontologie. Et j’ai l’impression qu’on met souvent les   mots sur le même plan. Du coup, je me demandais s’il y avait une différence entre les   alors.

Effectivement, il y a une différence, éthique et déontologie sont   mots qui sont très souvent utilisés de manière interchangeable ou utilisés comme s’ils étaient   choses équivalentes. Pourtant, si on regarde vraiment de plus près ces   substantifs, Eh bien on s’aperçoit qu’il renvoie à   choses à la fois différentes et intrinsèquement liées.

Bien qu’il n’y ait pas de définition arrêtée de l’éthique, il est admis que c’est la discipline de la philosophie qui traite du bien et du mal. Ou plus précisément, en tout cas selon moi, de l’évaluation axiologique d’un acte sur le spectre qui va de l’acceptable à l’inacceptable.   

La déontologie, quant à elle ?Eh bien, c’est une théorie, une des théories de l’éthique. Une dimension qui renvoie, comme son étymologie l’indique, au discours sur les devoirs ou à la science des devoirs. Et donc l’éthique et la déontologie sont   choses différentes, la  seconde étant incluse dans la première. Y a donc pas de pertinence à utiliser un mot pour l’autre, ni de les mettre sur le même plan.    

Ah d’accord, donc on a la philosophie dont fait partie l’éthique, qui elle même est inclus dans la déontologie. Donc la déontologie, c’est une branche de l’éthique, c’est ça ?Alors c’est.C’est exactement ça et c’est le point très important. La déontologie, c’est en effet une théorie de l’éthique, donc une sous branche de la philosophie.    

Pourtant, elle est aussi très utilisée dans le monde juridique. Les déontologues ou les responsables de la déontologie dans les entreprises sont d’ailleurs très rarement des philosophes ou des éthiciens, mais très majoritairement des juristes. Et c’est ce qui pose problème. Quand un éthicien parle avec un ou une déontologue, les   utilisent le même mot, mais ils n’en ont pas la même compréhension.  

Alors pour comprendre ça, il faut faire un petit passage par l’histoire. Le mot déontologie est inventé en      par Jamie Bentham, qui est un des pères du conséquentialisme qui, avec la déontologie, tu le sais, et l’éthique de la vertu font ce que l’on appelle les théories continentales de l’éthique. Bentham, qui était un contemporain, Kant, était avant tout un jurisconsulte et donc pétri de pensée juridique.

Quand il crée le terme, il leur donne une définition assez sommaire, ce qu’on appelle une définition nominale. La déontologie, selon Bentham, Eh bien, c’est une division de l’éthique, également appelée éthique dichastique, qui a pour objet, je le cite, d’indiquer si telle ou telle action doit ou ne doit pas être faite.

En l’occurrence, comme l’affirme Bentham, Eh bien, la déontologie, elle cherche à influer sur la volonté. Donc ce qu’on constate, c’est un tropisme juridique très marqué et une conception de la déontologie très top down pour dire ça en anglais. Les règles, en fait, sont établies par une autorité légitime et doivent être suivies.    

On doit s’y conformer. Oh là là, d’accord, donc tout ça, ça sonne un peu comme un combat entre la philosophie et les juristes, c’est ça, non ?Bah c’est là où le bât blesse en fait, hein.Si pour Bentham, la déontologie, elle vise l’édiction de règles qui doivent être suivies, pour Kant, qui est philosophe et pas juriste, il s’agit de se donner à soi-même des règles qui, si et seulement si elles passent le test d’universalité, deviendront des impératifs catégoriques et donc des règles qui qui devront être pardon appliquées.    

Contrairement à Bentham, Kant, qui ne se contente pas de définir mais théorise la déontologie, adopte une approche bottom up et c’est l’individu qui, au travers de ce qu’on appelle la volution, c’est à dire sa capacité de vouloir autonome, se donne des règles et vérifie leur validité avant de les rendre obligatoires.   

La déontologie n’influe donc pas sur la volonté, comme chez Bentham, elle en est l’émanation. Ce que Kant nous dit, Eh bien, c’est que si j’agis d’une manière acceptable sur le plan éthique par simple conformité à une norme. Notamment en raison du risque de sanction. Alors mon acte a moins de valeur sur le plan moral que si j’agis par devoir, c’est à dire en suivant une conviction profonde que je me suis faite.    

Si par ailleurs, l’acte posé par conformité à la norme n’est pas le produit de ma volonté, alors il perd toute sa valeur morale. Le problème, au final, ne réside pas dans la légitimité ou l’illégitimité de l’une ou l’autre des   approches, mais dans la difficulté d’articuler une approche juridique et une approche philosophique de la déontologie.    

Si le signifiant, c’est à dire le mot déontologie est commun aux   approches, c’est signifié, c’est à dire leur sens diffère grandement selon moi. La difficulté avec l’approche juridique par la conformité, Eh bien, c’est qu’elle est rapidement, ou en tout cas elle peut rapidement se transformer en conformisme et devenir un frein à l’esprit critique.   

French tech, esprit critique pour tech éthique.

 

Etre quelqu’un de bien

Le texte “Être quelqu’un de bien” de Laurence Devillairs explore la notion de moralité à travers une approche dynamique et introspective. L’auteur se concentre sur l’opposition entre le bien et le mal, et sur la manière dont chaque individu est inévitablement confronté à des choix moraux dans sa vie quotidienne. Ce n’est pas un appel à une simple adhésion à des normes sociales ou religieuses, mais à une compréhension plus profonde du rôle de la conscience morale comme élément essentiel de l’expérience humaine.

 

Singularité de l’approche de l’auteur :

  1. L’opposition entre le bien et le mal comme réalité incontournable : L’auteur rejette l’idée d’un relativisme moral où le bien et le mal seraient des concepts flous. Selon elle, bien et mal existent indépendamment de nos jugements, et toute action humaine s’inscrit dans cette dualité. Elle explore cette idée à travers le western et les personnages de “gentil” et de “méchant”, montrant que la moralité n’est pas simplement un produit de la société mais une dimension fondamentale de l’existence humaine.
  2. La morale comme transcendance : Laurence Devillairs présente la morale comme une transcendance. Ce n’est pas simplement une contrainte extérieure ou une série de règles à suivre, mais un appel à dépasser ses propres désirs et inclinations pour atteindre une forme supérieure de liberté et d’engagement. Ce point de vue diffère d’une éthique utilitariste ou hédoniste, mettant en avant une éthique exigeante qui va au-delà du confort personnel.
  3. Le rôle du cinéma : Laurence Devillairs utilise l’exemple du cinéma, en particulier des westerns, pour illustrer cette lutte entre le bien et le mal. À travers des personnages comme celui de Tommy Lee Jones, elle montre que la morale ne se limite pas à des principes abstraits, mais qu’elle se joue dans des situations concrètes et parfois dramatiques, où les choix individuels révèlent le caractère moral ou immoral d’une personne.
  4. L’engagement moral comme un processus individuel : Laurence Devillairs met l’accent sur l’individu en tant qu’acteur moral. Être quelqu’un de bien n’est pas un état passif mais une démarche active qui requiert des choix constants. L’indifférence morale, représentée par le personnage du “méchant” ordinaire, est vue comme un échec à prendre ses responsabilités et à se confronter à cette exigence morale.

Questions clés à se poser :

  1. Comment reconnaître la frontière entre le bien et le mal dans les choix quotidiens, alors que celle-ci semble parfois floue dans un monde moralement complexe ?
  2. Sommes-nous vraiment libres de choisir moralement ou sommes-nous conditionnés par des influences sociales, culturelles, ou même psychologiques ?
  3. Comment surmonter l’indifférence morale ou le cynisme qui peuvent pousser les individus à ne pas se sentir responsables de leurs actions ?
  4. Peut-on considérer la moralité comme une forme de transcendance dans un monde où les valeurs sont de plus en plus relativisées ?
  5. Quelle est la place de l’émotion et de l’intuition dans nos décisions morales, par rapport à une éthique plus rigide et rationnelle ?
  6. Le “bien” et le “mal” sont-ils des concepts universels ou évoluent-ils avec les cultures et les époques ?
  7. Le choix moral peut-il exister en dehors de la société, ou est-il intrinsèquement lié à notre vie en communauté ?
  8. Comment créer et maintenir une conscience morale active chez des individus vivant dans une société où les frontières morales peuvent sembler floues ou non pertinentes ?
L’auteur, Laurence Devillairs, ne pose pas explicitement ces questions sous forme directe, mais elle les aborde de manière implicite à travers ses réflexions et ses analyses sur la moralité. Voici comment ces questions se manifestent dans son approche :
  1. Reconnaissance du bien et du mal dans les choix quotidiens : Laurence Devillairs explore la manière dont le bien et le mal sont présents dans chaque action humaine. Elle insiste sur l’idée que cette distinction est incontournable, même si elle peut sembler floue dans certaines situations. Cela revient à une interrogation sous-jacente : comment agir moralement dans un monde où les repères ne sont pas toujours clairs ?
  2. Liberté de choix moral : L’auteur reconnaît que la moralité est à la fois une liberté et une contrainte. La morale précède l’existence, mais l’individu est libre de se positionner face à elle. En d’autres termes, elle pose indirectement la question de savoir si nos choix moraux sont réellement libres ou conditionnés par notre nature et notre environnement.
  3. Indifférence morale : L’exemple du “méchant ordinaire”, indifférent aux conséquences morales de ses actes, soulève la question de comment combattre cette indifférence. Devillairs ne pose pas cette question directement, mais elle s’y attaque en décrivant l’importance d’une conscience morale éveillée et active.
  4. La moralité comme transcendance : L’idée que la moralité est une transcendance qui dépasse les simples désirs ou contraintes sociales implique une réflexion sur l’universalité des valeurs morales dans un monde de plus en plus relativiste. Devillairs invite à cette réflexion sans l’énoncer sous forme de question, en décrivant la morale comme quelque chose qui s’impose à nous malgré nous.
  5. Émotions et intuition dans les décisions morales : Bien que l’auteur privilégie une approche plus rationnelle de la moralité, elle ne néglige pas le rôle des sentiments tels que la bienveillance et l’empathie, qui peuvent guider nos choix moraux. La question de savoir comment ces sentiments s’intègrent dans un cadre éthique rigoureux est abordée implicitement.
  6. Universalité du bien et du mal : Devillairs insiste sur l’idée que le bien et le mal existent indépendamment des cultures ou des époques, ce qui constitue une réponse indirecte à la question de l’évolution des concepts moraux. Elle semble s’opposer à un relativisme total, considérant que la dualité bien-mal est une donnée fondamentale de la condition humaine.
  7. La moralité et la société : En discutant de l’évolution des besoins humains en désirs insatiables dans le contexte social, Devillairs aborde la question de la moralité en dehors de la société. Elle suit une ligne de pensée proche de Rousseau, selon laquelle la moralité ne naît qu’avec la société, mais elle laisse aussi entendre que cette moralité nous précède, indépendamment du cadre social.
  8. Maintien de la conscience morale : L’auteur, en décrivant la figure du “gentil” qui inspire les autres, pose indirectement la question de la transmission et du maintien de la moralité dans une société moderne. Elle parle de l’importance d’être exemplaire, sans toutefois poser la question de manière directe.

Dans “Être quelqu’un de bien” de Laurence Devillairs, plusieurs influences philosophiques peuvent être décelées à travers les concepts qu’elle aborde et les réflexions qu’elle propose, bien que ces philosophes ne soient pas explicitement mentionnés.

Les influences philosophiques qui semblent sous-tendre son approche :

1. L’influence de Kant (Impératif catégorique et devoir moral)

  • Devoir moral : L’idée que le bien et le mal sont des réalités auxquelles tout individu est confronté et auxquelles il ne peut échapper rappelle l’éthique de Kant. Kant soutient que la moralité est universelle et que l’individu doit agir selon un impératif catégorique, c’est-à-dire un principe moral qui s’applique en toutes circonstances.
  • Le rôle du bien comme impératif : Laurence Devillairs, comme Kant, semble affirmer que la moralité est une dimension transcendante de la vie humaine, quelque chose qui transcende nos simples désirs et intérêts personnels.

2. Spinoza (Le bien et le mal comme affects relatifs)

  • Bien que Spinoza ne soit pas mentionné directement, l’idée que le bien et le mal ne sont pas absolus mais dépendent de leurs effets sur l’individu (augmentation ou diminution de sa puissance d’agir) pourrait se retrouver chez Spinoza. Spinoza considère que les notions de bien et de mal sont relatives à ce qui aide ou entrave l’effort d’un individu pour persévérer dans son être.
  • Liberté et connaissance : Laurence Devillairs semble également toucher à une dimension spinoziste lorsqu’elle parle de la nécessité de connaître et de comprendre le monde pour agir moralement. Pour Spinoza, la liberté réelle réside dans la connaissance adéquate de soi et des lois naturelles.

3. L’existentialisme de Jean-Paul Sartre (L’engagement moral et la liberté)

  • Engagement moral : Devillairs parle de l’individu comme étant condamné à agir moralement, ce qui rappelle l’idée existentialiste selon laquelle l’être humain est libre de ses choix, mais cette liberté est en même temps une condamnation à choisir. Chez Sartre, l’individu ne peut pas fuir cette responsabilité, tout comme chez Devillairs, où il est impossible d’échapper à la conscience morale.
  • Authenticité et responsabilité : Devillairs souligne l’importance d’être authentique dans ses choix moraux, ce qui rejoint la pensée de Sartre sur l’authenticité. Refuser d’agir moralement, ou agir de manière inauthentique, est vu comme un échec à assumer pleinement sa liberté.

4. L’influence des Stoïciens (Maitrise de soi et acceptation de la nature)

  • Maîtrise de soi : Les Stoïciens, comme Épictète et Marc Aurèle, prônent une vision de la vertu qui consiste à vivre conformément à la nature, à accepter ce qui est hors de notre contrôle et à maîtriser ses passions. Devillairs semble également insister sur une forme de maîtrise de soi et de lucidité morale, où l’individu doit faire face à sa propre condition avec une certaine sérénité.
  • Vie conforme à la raison : Cette influence peut se lire dans l’appel de Laurence Devillairs à agir selon une raison morale qui dépasse les simples inclinations ou désirs personnels.

5. Nietzsche (Critique du moralisme et de l’indifférence morale)

  • Critique de l’indifférence morale : L’auteur critique l’indifférence morale, qu’elle associe à la figure du “méchant ordinaire”, ce qui rappelle la critique de Nietzsche envers les morales faibles ou la moralité des esclaves qui se réfugient dans l’indifférence ou la médiocrité au lieu d’affirmer leur volonté.
  • Morale comme force de vie : Nietzsche et Devillairs partagent une conception de la morale comme étant liée à la vie, bien que Nietzsche rejette le bien et le mal traditionnels, alors que Devillairs appelle à un engagement moral constant. Leur point commun réside dans l’opposition à l’inaction et l’importance d’agir de manière authentique.

6. L’éthique du care (Carol Gilligan, Nel Noddings)

  • Responsabilité morale envers autrui : Bien que l’éthique du care ne soit pas explicitement mentionnée, l’idée d’un devoir moral actif envers les autres et la nécessité de sortir de l’indifférence morale pour agir rappelle cette approche. Devillairs évoque la nécessité de réveiller la conscience morale chez ceux qui sont indifférents, ce qui fait écho aux théories du care qui mettent l’accent sur la responsabilité et le soin des autres.

7. La transcendance et la morale

  • L’idée de la transcendance morale chez Laurence Devillairs, selon laquelle la moralité dépasse nos simples inclinations et s’impose à nous comme une exigence supérieure, fait écho à des réflexions présentes chez des philosophes comme Levinas, qui insiste sur la transcendance de l’éthique dans la rencontre avec l’autre, ou encore à une forme de néo-kantisme.
  • Cette idée de transcendance, que Laurence Devillairs décrit comme un appel moral auquel on ne peut échapper, rappelle également les conceptions philosophiques religieuses où le bien et le mal sont perçus comme des réalités qui dépassent les simples préférences individuelles.

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D’autres approches philosophiques concernant le bien et le mal existent à travers l’histoire de la philosophie. Ces approches varient selon les traditions, les écoles de pensée et les contextes culturels. Voici un aperçu des principales théories et philosophes ayant traité cette question :

 

1. Le rationalisme moral (Socrate, Platon, Aristote)

  • Socrate : Pour Socrate, le bien est synonyme de connaissance et de savoir. Faire le mal, c’est agir par ignorance. Connaître le bien conduit nécessairement à agir bien.
  • Platon : Platon développe l’idée des Idées ou des Formes, parmi lesquelles le Bien est l’idée suprême. Le Bien transcende les réalités matérielles, et la justice est un reflet de cette idée du Bien. L’individu vertueux cherche à atteindre cette forme de Bien par la raison.
  • Aristote : Aristote pense le bien en termes de vertu éthique et de téléologie. Le bien est ce vers quoi toutes les actions tendent, et l’objectif ultime est le bonheur (eudaimonia). Le mal est une déviation de la vertu ou un excès/défaut par rapport au juste milieu.

2. L’éthique utilitariste (Jeremy Bentham, John Stuart Mill)

  • Bentham : Bentham considère le bien comme ce qui produit le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Le bien et le mal sont définis en fonction des conséquences des actions. Le bien maximise le plaisir et minimise la douleur, tandis que le mal a l’effet inverse.
  • Mill : John Stuart Mill reprend et développe l’utilitarisme en ajoutant la qualité des plaisirs. Il distingue les plaisirs supérieurs (intellectuels) des plaisirs inférieurs (physiques), et il considère que les plaisirs intellectuels ont plus de valeur morale.

3. L’éthique déontologique (Immanuel Kant)

  • Kant : Kant soutient que le bien et le mal ne sont pas déterminés par les conséquences, mais par le respect du devoir moral. Le bien consiste à agir selon des principes universalisables, conformément à la loi morale que Kant formule dans son Impératif catégorique : « Agis uniquement selon la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. »
  • Chez Kant, le bien est donc lié à la rationalité et au respect inconditionnel des principes moraux, tandis que le mal est défini comme la violation de ces principes.

4. L’éthique existentialiste (Jean-Paul Sartre)

  • Sartre : L’existentialisme de Sartre repose sur l’idée que l’homme est condamné à être libre. Il n’y a pas de bien ou de mal intrinsèque, car il n’y a pas de nature humaine prédéfinie. L’homme crée ses propres valeurs à travers ses choix. Le mal surgit lorsque l’individu agit de manière inauthentique, c’est-à-dire en refusant sa liberté et en s’aliénant à des valeurs imposées par les autres ou la société.

5. Le relativisme moral (Friedrich Nietzsche)

  • Nietzsche : Nietzsche critique les concepts traditionnels de bien et de mal, qu’il considère comme des constructions morales créées par les faibles pour dominer les forts (morale des esclaves contre morale des maîtres). Il appelle à un dépassement de la morale traditionnelle, où les notions de bien et de mal sont remises en question. Pour lui, le mal n’existe pas objectivement ; il s’agit d’une invention sociale et culturelle pour contrôler les instincts humains.

6. L’éthique du care (Carol Gilligan, Nel Noddings)

  • Gilligan et Noddings : L’éthique du care s’oppose aux conceptions morales abstraites et impersonnelles, comme celles de Kant ou de l’utilitarisme. Elle met l’accent sur les relations humaines, le soin et la responsabilité pour les autres. Le bien est défini par l’attention aux besoins des autres et par l’établissement de relations de care. Le mal est l’indifférence ou la négligence envers les autres.

7. L’éthique stoïcienne (Épictète, Sénèque, Marc Aurèle)

  • Les stoïciens définissent le bien comme ce qui est conforme à la nature et à la raison. Pour eux, le seul bien véritable est la vertu, c’est-à-dire le contrôle rationnel des passions et l’acceptation stoïque du destin. Le mal est ce qui perturbe l’âme, les passions non maîtrisées, et l’ignorance des lois de la nature.

8. L’éthique de la vertu (Alasdair MacIntyre)

  • MacIntyre : Dans son ouvrage “Après la vertu”, MacIntyre fait renaître l’éthique aristotélicienne des vertus. Il critique le moralisme moderne qui, selon lui, est dépourvu de contextes sociaux et historiques. Pour lui, le bien est défini par les vertus qui permettent de vivre une vie florissante au sein d’une communauté. Le mal, quant à lui, est l’échec à développer ces vertus dans la poursuite du bien commun.

9. L’éthique de la responsabilité (Hans Jonas)

  • Jonas : Dans une perspective moderne, Jonas développe une éthique de la responsabilité qui tient compte des impacts de l’action humaine, notamment sur l’environnement et les générations futures. Le bien est ce qui préserve la durabilité de la vie et de l’humanité. Le mal est toute action qui met en péril l’existence future, en particulier dans le contexte de la technologie.

Et Spinoza ?

Spinoza propose une approche unique et profonde du bien et du mal, qui diffère des autres courants philosophiques traditionnels. Dans son œuvre principale, l’Éthique, il développe une philosophie où le bien et le mal ne sont pas des concepts absolus, mais relatifs à l’impact qu’ils ont sur notre puissance d’agir. Voici un aperçu de sa pensée :

1. Relativité du bien et du mal

  • Spinoza refuse de voir le bien et le mal comme des valeurs absolues dictées par des principes moraux extérieurs ou transcendants, comme c’est le cas dans les approches déontologiques (Kant) ou théologiques. Pour lui, le bien et le mal sont relatifs aux affects des individus.
  • Selon Spinoza, le bien est ce qui augmente la puissance d’agir d’un individu, c’est-à-dire ce qui contribue à sa capacité à persévérer dans son être (son conatus, ou effort pour exister et se réaliser pleinement). Le mal est ce qui diminue cette puissance, ce qui entrave ou réduit l’autonomie et l’expression de la nature d’un individu.

“Nous n’appelons bonnes ou mauvaises, convenables ou inconvenantes, que les choses qui servent à conserver notre être.” (Éthique, IV, définitions)

2. Le conatus et la quête de la joie

  • Le conatus est un concept central chez Spinoza. C’est la tendance fondamentale de chaque être à persévérer dans son existence et à chercher à réaliser sa nature propre. Le bien, selon Spinoza, correspond donc à ce qui permet à un être d’exprimer et d’accroître son conatus.
  • Par conséquent, la joie est l’affect positif qui résulte de cette augmentation de la puissance d’agir, tandis que la tristesse est l’affect qui accompagne la diminution de cette puissance. Ce qui est bon est donc ce qui nous procure de la joie, car cela nous rapproche de notre essence véritable.

3. L’absence de libre arbitre traditionnel

  • Spinoza rejette la conception classique du libre arbitre, où l’être humain serait libre de choisir entre le bien et le mal. Pour lui, nos actions sont déterminées par les lois de la nature. Nous sommes soumis à des causes extérieures qui influencent nos désirs et nos actions.
  • Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas être libres, mais que la véritable liberté réside dans la connaissance de ces déterminismes et dans la capacité de comprendre et d’accepter les lois naturelles qui nous gouvernent. Être libre signifie agir conformément à notre raison et à la nature, et non pas en fonction de désirs irrationnels ou d’illusions sur un libre arbitre absolu.

4. La vertu et la raison

  • Pour Spinoza, la vertu consiste à vivre conformément à la raison, c’est-à-dire à comprendre les causes qui gouvernent le monde et à ajuster ses actions de manière à maximiser sa puissance d’agir. La vertu rationnelle permet à l’individu de poursuivre ce qui est réellement bénéfique pour lui, tout en étant conscient de ses propres désirs et des relations avec les autres.
  • L’individu vertueux ne cherche pas à juger les choses comme étant intrinsèquement bonnes ou mauvaises, mais cherche à comprendre les causes de ses affects et à réorienter ses désirs vers ce qui est réellement utile à son épanouissement et à son bonheur.

5. Bien et mal comme constructions humaines

  • Spinoza montre que les concepts de bien et de mal ne sont pas des réalités objectives inscrites dans l’ordre de la nature. Ce sont des constructions humaines basées sur notre expérience des choses et sur l’utilité ou l’inconvénient qu’elles représentent pour nous.
  • Ce que nous appelons “bien” est simplement ce qui est utile à notre nature, et ce que nous appelons “mal” est ce qui est nuisible. Mais il n’y a rien dans la nature elle-même qui soit intrinsèquement bon ou mauvais. Ainsi, la nature n’est pas morale ; elle fonctionne selon ses propres lois, indépendamment des jugements humains.

“Le bien et le mal n’indiquent rien de positif dans les choses considérées en elles-mêmes ; mais sont seulement des modes de penser, ou des notions que nous formons en comparant les choses entre elles.” (Éthique, IV, préf.)

6. Éthique et bonheur

  • Spinoza soutient que la recherche du bien consiste à vivre conformément à la nature et à suivre les principes de la raison. Le but ultime de la vie humaine est de parvenir à une forme de béatitude, un état de sérénité et de joie qui découle de la compréhension adéquate du monde et de soi-même.
  • Pour atteindre cet état de béatitude, il est nécessaire de maîtriser ses passions, c’est-à-dire les affects qui nous contrôlent sans que nous en ayons une compréhension claire. Par la raison, nous pouvons transformer ces passions en actions rationnelles, ce qui nous permet d’augmenter notre puissance d’agir et de vivre dans la joie.

7. La vision de Dieu chez Spinoza

  • Pour Spinoza, Dieu n’est pas un être personnel, mais la nature elle-même (Deus sive Natura). Dieu est l’ensemble des lois de l’univers. Il n’existe donc pas de bien ou de mal dans un sens divin, comme dans les religions abrahamiques. Plutôt, tout ce qui existe procède nécessairement de la nature de Dieu et suit un ordre déterminé.
  • Le bien et le mal n’ont donc pas de fondement divin, mais ils relèvent de notre compréhension humaine des effets des choses sur notre nature.

Sexe, amour et questionnements

Une société où les changements de mentalité ont considérablement réduit la natalité, et où l’acte sexuel est détaché de sa fonction première de reproduction pour se concentrer sur le plaisir, souvent et régulièrement, sans arrière-pensées.

Dans l’œuvre captivante “Sexe amour et questionnements” de Stéphane Prandini, nous plongeons dans un récit fascinant qui tisse habilement le passé et le futur, explorant les complexités des relations humaines, l’amour, le désir, et les dilemmes moraux. À travers des récits entrelacés situés à Paris, de la fin du XIXe siècle jusqu’à une vision futuriste de 2099, Prandini nous offre une réflexion profonde sur l’évolution des normes sociales et affectives.

Le livre s’ouvre sur une scène mystérieuse dans un Paris historique, où une femme, dans le secret de la nuit, enterre un coffre contenant ses secrets les plus intimes. Ce moment, chargé d’angoisse et de symbolisme, pose les bases d’une histoire où le secret et la révélation jouent des rôles clés. Cette scène, presque gothique dans son atmosphère, annonce un récit riche en émotions et en tensions.

Parallèlement, le roman nous transporte dans le Paris de 2099, un monde transformé par les avancées technologiques et les changements sociétaux. Nous rencontrons des personnages vivant dans des configurations familiales non traditionnelles, les “trouples”, reflétant les évolutions des concepts d’amour et de partenariat. Ces scènes futuristes, tout en contrastant avec le cadre historique, posent des questions universelles sur l’amour, le sexe et la fidélité, transcendant le temps et l’espace.

L’auteur nous invite à réfléchir sur la nature changeante des relations amoureuses et sexuelles à travers les âges. En juxtaposant les époques, Prandini souligne comment, malgré le passage des siècles et les révolutions culturelles, les quêtes humaines fondamentales de compréhension, de connexion et d’intimité restent constantes. Tout change, mais rien ne change…

“Sexe amour et questionnements” n’est pas seulement un roman historique ou de science-fiction; c’est une méditation sur l’humanité elle-même. Les personnages, bien que séparés par des générations, et l’Histoire elle-même, partagent les mêmes dilemmes, joies et peines. Leurs histoires, bien que distinctes, sont universelles, offrant des aperçus dans les tourments et les triomphes de l’âme humaine.

Ce livre s’adresse à un large éventail de lecteurs : ceux fascinés par l’histoire et par les spéculations sur l’avenir, ceux qui s’interrogent sur les dynamiques des relations modernes, et ceux qui cherchent à comprendre le cœur humain à travers les âges. Avec une prose élégante et des personnages richement développés, Prandini réussit à capturer l’essence de la condition humaine.

“Sexe amour et questionnements” est une invitation à explorer les profondeurs de nos désirs et de nos peurs, un voyage à travers le temps qui questionne ce que signifie aimer et être aimé. C’est une lecture étonnante, même pour ceux qui cherchent à réfléchir sur la complexité des émotions humaines et sur l’évolution de nos sociétés.​

 

L’auteur de “Sexe, amour et questionnements” présente une vision futuriste où les changements de mentalité influencent profondément la natalité et la nature de l’acte sexuel. Cette vision peut sembler optimiste ou idéaliste, en particulier si on la compare aux tendances actuelles de baisse du désir et de la procréation observées dans plusieurs sociétés à travers le monde.

Dans le contexte de 2024, plusieurs pays font face à une baisse de la natalité due à divers facteurs, tels que les changements socio-économiques, l’augmentation du coût de la vie, l’accès à l’éducation et à la contraception, ainsi que les choix individuels favorisant des parcours de vie non traditionnels. De plus, les études montrent une baisse du désir sexuel liée au stress, à la santé mentale, à la prévalence de la technologie et à d’autres pressions sociales et individuelles.

Si l’on considère ces tendances, la prédiction de l’auteur pour 2099 peut paraître trop optimiste, car elle suggère une adaptation et une acceptation sociales qui dépassent largement les problématiques actuelles. Cependant, l’auteur pourrait argumenter que les défis présents et futurs pourraient justement stimuler des changements radicaux dans les attitudes et les comportements. En détachant le sexe de sa fonction reproductive et en le plaçant dans le contexte du plaisir pour le plaisir, l’auteur envisage une libération des contraintes traditionnelles qui pourraient, en théorie, mener à une société plus ouverte et épanouie.

Néanmoins, cette perspective sous-estime peut-être la complexité des facteurs influençant le désir et la procréation, y compris les aspects biologiques, environnementaux, psychologiques et culturels. Elle pourrait aussi ignorer les défis liés à l’adaptation sociétale aux changements technologiques et environnementaux, qui pourraient avoir des impacts imprévisibles sur la sexualité et les relations humaines.

Bien que l’optimisme de l’auteur offre une vision intrigante et potentiellement libératrice pour l’avenir, considérons le avec prudence et dans le contexte des défis réels et complexes que nous connaissons aujourd’hui en matière de désir et de procréation.

Futuriste et prospectif

Les dynamiques familiales et sociétales ont radicalement changé. L’auteur nous plonge dans une conversation entre LN, une femme du futur, et sa voisine, dévoilant les défis uniques auxquels les individus sont confrontés dans cette ère futuriste. La notion de “trouple”, une structure familiale non conventionnelle remplaçant la famille nucléaire traditionnelle, illustre les profonds changements dans les relations personnelles. Cette évolution soulève des questions sur la nature de l’amour, de la parentalité et de la reproduction humaine dans un avenir où la technologie et les changements sociaux ont remodelé les fondements de l’existence humaine.
La discussion entre LN et sa voisine révèle la complexité de concevoir des enfants dans ce nouveau contexte social. La difficulté de tomber enceinte, malgré les avancées technologiques, montre une ironie poignante : alors que la société a progressé technologiquement, elle fait face à des obstacles biologiques et affectifs imprévus. Cela reflète une crise de natalité exacerbée par les séquelles d’une Grande Guerre et des changements environnementaux, mettant en évidence les conséquences inattendues du progrès.
Ce passage dépeint également un profond détachement de la traditionnelle quête d’amour et de partenariat, remplacée par des arrangements pratiques et des efforts mécaniques pour la procréation. Des approches plus systématiques et désespérées de la reproduction, comme l’organisation de rencontres entre jeunes filles pubères et garçons réputés fertiles, rappelant les “soirées pyjama” du passé mais avec un objectif bien plus crucial : la survie de l’espèce humaine. Le débat interne de LN sur la maternité et les relations, juxtaposé aux défis sociétaux plus larges, peint un tableau d’un futur où les aspirations humaines fondamentales sont à la fois transformées et inaltérées. L’auteur utilise ce cadre futuriste pour explorer des thèmes universels de connexion, d’identité et de désir, tout en questionnant les conséquences de l’évolution sociale et technologique. Il nous invite à réfléchir sur notre propre monde et les directions possibles que nous pourrions prendre, soulignant la tension entre progrès et perte, espoir et mélancolie.

 

Le désir selon les époques

Un aperçu fascinant et inhabituel de la sexualité et du désir dans le contexte futuriste de 2099.
À cette époque, la conception du désir sexuel semble avoir évolué ou même été exacerbée par les avancées technologiques et les changements sociétaux. Dans ce futur, le désir n’est plus simplement une affaire personnelle ou une interaction binaire entre deux individus, mais il s’étend à des configurations relationnelles plus complexes, comme les “trouples”, conçus pour répondre à des besoins sexuels diversifiés et intensifiés. Ce concept illustre une tentative de solutionner les problèmes de compatibilité sexuelle qui persistent malgré les évolutions sociales et technologiques.
Le personnage MN discute de ses difficultés à maintenir l’excitation et la satisfaction dans ces nouvelles dynamiques relationnelles, soulignant un défi persistant dans la gestion du désir et de la performance sexuelle. Malgré l’avancement du temps et la modification des structures familiales, les défis intérieurs liés à la satisfaction et à la performance sexuelles restent prédominants, suggérant que certaines quêtes humaines restent constantes malgré les changements extérieurs. Ce dialogue met également en lumière l’incapacité des solutions technologiques et sociétales à répondre pleinement aux besoins humains fondamentaux et complexes. Par exemple, la référence aux “androïdes esclaves sexuels” dans le passé illustre une tentative de résoudre mécaniquement des problèmes de désir et de compatibilité, mais la conversation indique que ces solutions ne sont ni satisfaisantes ni durables.L’auteur propose une réflexion sur la nature changeante mais persistante du désir à travers les âges. Il suggère que, malgré les changements radicaux dans les contextes sociaux et technologiques, les problèmes fondamentaux liés au désir, à la satisfaction et à la compatibilité restent centraux dans les expériences humaines. Cela soulève des questions intéressantes sur l’avenir des relations humaines et la quête éternelle du contentement et de la connexion. Optimisme ?

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