Sélectionner une page

La Guerre des Ombres Numériques : Asma Mhalla et le Règne des BigTech

UN CONTE : D’après un article de philosophie Magazine : Asma Mhalla : “L’IA change la nature même de nos concepts politiques”

En un temps où les royaumes étaient secoués par des forces invisibles et puissantes, où les mystères du monde ancien se trouvaient mêlés aux prodiges des nouvelles technologies, une voix s’éleva pour mettre en garde les seigneurs de l’époque. Asma Mhalla, érudite et sage parmi les sages, portait dans son cœur le fardeau de ceux qui voient les ombres grandir là où les autres n’aperçoivent que lumière.

Un jour, alors que les dignitaires de l’Union européenne s’apprêtaient à graver dans le marbre une loi inédite sur l’intelligence artificielle, Asma Mhalla fut conviée à donner son avis. “Ne vous méprenez pas,” commença-t-elle, d’une voix aussi douce que l’acier affûté, “l’intelligence artificielle n’est pas qu’un simple assemblage de techniques. Elle est le socle d’une nouvelle ère, une infrastructure colossale où se tissent les destins des nations.”

Elle parlait des câbles sous-marins, des satellites en orbite, des systèmes d’information et des supercalculateurs, tous aux mains des puissants marchands du numérique, ces BigTech qui, à l’instar des barons d’autrefois, avaient su capter non des terres, mais des milliards de données. Karl Marx, dont les écrits résonnaient encore comme un écho lointain dans les couloirs des châteaux, avait désigné l’infrastructure comme l’ensemble des moyens de production, alors détenus par le grand capital. Asma Mhalla, elle, voyait ces nouveaux maîtres du monde comme l’InfraSystème, une force insidieuse qui, bien que hors de portée des lois classiques, façonnait désormais le fait social, économique, et même militaire.

“Il est bien que l’IA soit enfin encadrée,” poursuivit-elle, ses yeux perçant les esprits présents comme la pointe d’une épée, “mais ce que vous proposez n’est qu’un voile jeté sur un gouffre sans fond.” En effet, les seigneurs européens, dans leur noble ambition, avaient rédigé des lois pour contraindre ces géants à respecter leurs règles. Mais les failles étaient déjà visibles : des amendes infligées à ces titans n’étaient que des grains de sable sur leurs vastes plages dorées. De plus, les exemptions accordées à certains États laissaient entrevoir des brèches béantes dans cette nouvelle législation.

Mais la profondeur du problème, expliqua Asma Mhalla, résidait ailleurs. “L’IA, par sa nature même, transforme nos concepts politiques. Le réel et le virtuel, le vrai et le faux, le privé et le public, tous ces dualismes que nous chérissons se fondent désormais l’un dans l’autre.” Elle évoqua la démocratie symbiotique, un concept où l’État, jadis tout-puissant, sous-traite ses pouvoirs à des entités privées, ces dernières devenant autant de leviers dans les mains des gouvernants. “La souveraineté n’est plus verticale, elle est mouvante,” déclara-t-elle, révélant ainsi l’étendue de la transformation qui attendait les nations.

Cependant, la véritable inquiétude de Asma Mhalla était plus profonde encore. Les technologies, dans leur double usage, servaient des causes aussi bien justes que malveillantes. “Comment séparer le bienveillant du malveillant quand l’un et l’autre se cachent sous le même masque ?” s’interrogea-t-elle. Les États tentaient de réguler, mais toujours en retard, comme un chevalier tentant de pourfendre un dragon déjà envolé.

Mais le plus inquiétant, aux yeux de Asma Mhalla, était la mutation de la guerre elle-même. “Les combats cyber-hybrides ne sont pas seulement des affrontements classiques. Ils épaississent le brouillard de la guerre, mêlant le vrai au faux, le civil au militaire, dans une danse macabre où les acteurs privés se mêlent aux armées.” Ainsi, la guerre moderne se jouait sur des fronts multiples et invisibles, où la désinformation et les attaques cybernétiques devenaient des armes plus redoutables que les épées et les canons d’autrefois.

La sage Asma Mhalla n’était cependant pas pessimiste pour autant. Elle voyait dans ce monde nouveau des opportunités pour les États capables de comprendre et de manier ces nouvelles forces. Mais, avertissait-elle, seuls les BigStates, ces États qui ont su faire éclore leurs propres BigTech, pourraient survivre dans cette arène impitoyable. “La souveraineté, de nos jours,” expliqua-t-elle, “n’est plus l’indépendance, mais la capacité de tenir un rapport de force, d’être opportuniste, de jouer sur plusieurs fronts à la fois.”

Asma Mhalla termina son discours par un appel à la clairvoyance. “Nos dirigeants doivent cesser de se bercer d’illusions, de s’accrocher à des rêves irréalistes. Il est temps de reconnaître la réalité telle qu’elle est, de préparer nos stratégies non pas pour un futur idéal, mais pour le présent, avec ses défis et ses dangers bien réels.”

Ainsi, dans cette cour où les alliances se nouaient et se dénouaient comme des fils dans un métier à tisser, Asma Mhalla laissa les esprits en ébullition, sachant que son avertissement, tel un poison doux mais puissant, s’infiltrerait dans les consciences des seigneurs du royaume. La bataille pour le contrôle des esprits et des machines ne faisait que commencer, et ceux qui en comprendraient les règles en sortiraient vainqueurs. Les autres, hélas, seraient condamnés à n’être que des spectateurs impuissants du grand jeu de la souveraineté technologique.

Red Team 3

Le livre intitulé Ces guerres qui nous attendent – Saison 3 rassemble les contributions de plusieurs auteurs dont Virginie Tournay, Laurent Genefort, Romain Lucazeau, Capitaine Numericus, François Schuiten et Saran Diakité Kaba, avec une préface signée Alain Fuchs et Cédric Denis-Rémis. Publié par les Éditions des Équateurs, cet ouvrage explore, à travers une démarche originale mêlant science-fiction et prospective stratégique, les futurs possibles du conflit et de la guerre. La trame de Ces guerres qui nous attendent nous plonge dans un futur proche où l’humanité est confrontée à des défis géopolitiques et technologiques sans précédent. L’usage de la science-fiction comme outil de réflexion permet d’explorer des scénarios extrêmes mais plausibles, mettant en lumière les potentialités des technologies émergentes ainsi que les nouvelles formes de conflits qu’elles pourraient engendrer. La troisième saison de cette série, dont l’ambition est de susciter la réflexion sur l’avenir de la défense et de la sécurité, propose deux scénarios principaux : l’un autour de l’avancée technologique représentée par l’implant cérébral “eshu”, l’autre concernant la conquête spatiale et ses implications militaires et économiques.

Dans le premier scénario, “Face à l’Hydre”, une technologie révolutionnaire permettant l’assimilation instantanée de connaissances transforme radicalement les sociétés et les armées. Elle engendre la création d’une armée éphémère et modulable, l’Hydre, capable de s’adapter en temps réel aux situations de combat grâce à la diffusion instantanée de savoir-faire militaire à des civils. Cette partie explore les implications éthiques, sociales, et stratégiques d’une telle innovation, posant la question de la frontière entre civil et militaire, et réinterrogeant les notions d’engagement et de sacrifice.

Le deuxième scénario, “La ruée vers l’espace”, décrit une course effrénée à l’exploitation des ressources spatiales, cristallisant tensions et rivalités sur Terre. Il met en scène des entreprises et des États luttant pour le contrôle de ressources extraterrestres, illustrant ainsi les enjeux géostratégiques de la prochaine frontière de l’humanité. Ce récit d’anticipation révèle les défis de gouvernance, de sécurité et d’éthique posés par l’extension de la présence humaine dans l’espace.

Ces guerres qui nous attendent s’adresse à un public large, incluant les passionnés de science-fiction, les stratèges, les décideurs politiques, ainsi que toute personne intéressée par les futurs possibles de notre monde. Son approche immersive et réfléchie vise à éveiller les consciences sur les enjeux de demain et à stimuler le débat public sur des questions fondamentales touchant à la sécurité collective et à l’évolution de notre société.

LA GUERRE COGNITIVE

Ces guerres qui nous attendent – Saison 3 explore  la guerre cognitive non seulement comme un affrontement où la connaissance et l’information sont des armes, mais aussi comme un champ de bataille où l’esprit humain lui-même est à la fois le terrain de jeu et l’enjeu.
Il aborde la notion de guerre cognitive à travers le concept de l’implant “eshu”, qui symbolise une révolution dans l’accès et la manipulation de l’information et des connaissances. La guerre cognitive, telle qu’illustrée dans ce scénario, explore l’impact des technologies avancées sur la compréhension, la décision et l’action dans le contexte d’un conflit. Voici quelques éléments clés extraits du document qui soulignent comment cette notion est explicitée :

Manipulation instantanée des connaissances : L’implant “eshu” permet à ses utilisateurs d’acquérir instantanément des compétences et des connaissances spécifiques. Cette capacité transforme radicalement la manière dont les individus peuvent être mobilisés et utilisés dans des situations de conflit, en faisant d’eux des acteurs capables d’adapter leur rôle et leurs compétences en temps réel.
Diffusion et réversibilité des savoirs : L’aspect réversible de l’acquisition des connaissances via l’eshu souligne une dimension cognitive du conflit où le savoir peut être non seulement rapidement diffusé mais aussi retiré, permettant une flexibilité et une adaptabilité sans précédent des forces en présence.
Communication décentralisée et instantanée : La mise à jour de l’eshu en une version permettant une communication décentralisée et symbiotique entre les individus équipés transforme la coordination des opérations. Cette interconnexion avancée favorise une forme de cognition collective où la prise de décision et l’exécution des actions sont le produit d’un réseau interconnecté d’individus, plutôt que d’une hiérarchie traditionnelle.
Impact sur l’organisation de l’action collective : La technologie de l’eshu, en bousculant les méthodes traditionnelles d’apprentissage, de communication et d’organisation, met en lumière un nouveau paradigme de la guerre cognitive où la capacité à générer, partager, et manipuler l’information est centrale. Cela soulève des questions sur la nature de l’autonomie, de la volonté et de l’identité dans un contexte où les frontières entre l’individu et le collectif, la pensée et l’action, sont redéfinies.
Questions éthiques et stratégiques : L’usage de l’eshu dans un contexte de conflit soulève des questions profondes sur l’éthique de la manipulation cognitive, sur la responsabilité des actions menées sous l’influence de connaissances implantées, et sur les stratégies à adopter face à un ennemi qui peut se recomposer et s’adapter constamment grâce à ces technologies.

ET LA SPIRITUALITÉ ?

Le livre n’évoque pas explicitement une dimension spirituelle dans les scénarios présentés. Ses récits se concentrent principalement sur les implications technologiques, stratégiques et sociétales de futurs conflits envisagés à travers l’usage de technologies avancées comme l’implant “eshu” et la conquête spatiale. Cependant, la manière dont ces technologies transforment les sociétés, les individus et les conflits pourrait être interprétée ou approfondie sous un angle spirituel, notamment en ce qui concerne les questions d’identité, de conscience collective, et des limites éthiques de l’humain face à l’avancée technologique. La réflexion sur l’augmentation humaine, l’interconnectivité et l’impact sur les notions de liberté et de volonté individuelle pourrait (devrait ?) ouvrir sur des interrogations spirituelles.
Il serait tout à fait possible de réfléchir à la dimension spirituelle qu’implique l’intégration de telles technologies dans la vie quotidienne et dans la structure même de la société. Aux questions de l’essence de l’humanité à l’ère de l’intelligence artificielle et des réseaux interconnectés, la quête de sens dans un monde où les capacités humaines sont amplifiées ou modifiées par la technologie, et le rôle de la conscience et de l’esprit dans le contexte d’une guerre où les frontières entre l’homme et la machine, le civil et le soldat, deviennent floues.
On pourrait aussi s’interroger sur le gap entre le travail progressif et minutieux de l’alchimiste et ces transformations instantanées de l’individu et du collectif.

 


 

 

 

L’odyssée du sacré – Frédéric Lenoir

Un voyage transhistorique et transculturel à la découverte de la spiritualité humaine, du mysticisme et des croyances qui transcendent le tangible

Frédéric Lenoir, avec la rigueur intellectuelle qui le caractérise, dresse un panorama exhaustif des pratiques spirituelles de l’humanité, depuis les rituels chamaniques de la Préhistoire jusqu’aux mouvements de quête de sens contemporains. Il se penche sur les grandes traditions spirituelles, religieuses, ésotériques de l’Orient à l’Occident, sans oublier l’animisme et la magie, dans un style narratif captivant et éclairé.

Son livre est la base indispensable que tous les transmetteurs de savoir, à commencer par les enseignants, devraient connaître, avoir comme point de repère majeur, au-delà des dogmes, des croyances, des endoctrinements, et de la confusion, qui sont le terrain actuel du discours sur le religieux, le spirituel, et sur ce qui peut être vécu aujourd’hui comme le sacré.
Son propos est une fusion entre récit historique et analyse théologique, et se décompose en deux parties principales.
–  La première est une fresque détaillée de l’évolution de la spiritualité humaine et comment celle-ci s’est transformée au fil des bouleversements sociétaux. Frédéric Lenoir y expose sa thèse centrale : le sacré et la religiosité humains sont en constante mutation, reflets des changements dans les modes de vie de notre espèce.
– La seconde partie aborde une question fondamentale : pourquoi l’Homo sapiens, seul parmi les animaux, a-t-il développé un sentiment spirituel et religieux si profond? L’auteur explore les perspectives des grandes traditions spirituelles et religieuses, mais également les critiques des penseurs matérialistes tels que Feuerbach, Nietzsche, et Freud, qui ont remis en question la religion comme source d’illusion et d’aliénation. Il ne s’arrête pas là et souligne les tentatives de penseurs comme Jung, Bergson et Frankl, qui ont réhabilité la spiritualité en tant qu’expérience universelle et expérientielle. Lenoir va jusqu’à s’intéresser aux apports des neurosciences et de la psychologie cognitive dans notre compréhension des liens entre le cerveau et la spiritualité.
Dans cette exploration, il accorde une importance particulière aux croyances universelles, telles que l’astrologie, la magie, la sorcellerie et les relations avec l’au-delà, mettant en lumière leur rôle dans la conscience humaine. Frédéric Lenoir ne se contente pas d’un constat historique ou scientifique; il postule que la spiritualité est une composante intrinsèque de l’être humain, essentielle à son développement depuis ses origines et qui persistera aussi longtemps que l’humanité existera. Face aux enjeux contemporains, notamment écologiques, il invite à un “supplément d’âme”, reprenant les mots de Bergson, et à une élévation morale et spirituelle de notre conscience.

Révolution de la conscience : L’ère de la spiritualité individuelle selon Frédéric Lenoir

Frédéric Lenoir, après avoir exploré, de manière passionnante la naissance de l’aventure spirituelle de l’humanité, la préhistoire, aube du sacré, puis le néolithique,  et la naissance des dieux, explore ce qu’il qualifie comme l’époque la plus transformatrice de l’histoire spirituelle de l’humanité : le tournant axial. Située entre 800 et 200 avant notre ère, cette période marque, selon les mots de Marcel Gauchet, une “immense ébranlement” spirituel, propulsée par l’émergence de l’État et son aspiration à l’universel. Il décrit ce moment comme une véritable révolution néolithique de la spiritualité, où l’individu commence à s’élever au-dessus du collectif. C’est un tournant où les êtres humains se voient non plus simplement comme membres d’un clan ou d’une cité, mais comme des entités individuelles, responsables de leur propre destin. Dans cette époque de transformation, l’individualité prend une nouvelle importance et avec elle, une quête personnelle du sacré s’élance. Les anciennes religions polythéistes, axées sur la communauté, laissent place à une spiritualité qui tient compte de la quête de salut individuel. Le bonheur éternel – que ce soit le paradis des monothéismes ou le nirvana des philosophies orientales – devient l’objectif ultime de la vie morale individuelle.
La notion d’éthique s’impose alors comme pierre angulaire des religions du salut. Les textes sacrés et les enseignements spirituels appellent à une vie vertueuse non plus pour satisfaire les dirigeants terrestres, mais pour se conformer à des principes universels qui déterminent le sort de l’âme dans l’au-delà. La justice divine ou le karma deviennent les mesures de la rétribution morale.
Ce changement monumental décrit par Frédéric Lenoir est un appel à la connaissance de soi et à une relation directe et personnelle avec le divin. Le livre de Lenoir est une invitation à comprendre que, quelles que soient les époques, la recherche du bonheur intérieur et de la vérité éthique restent au cœur de l’expérience humaine. Dans ce cadre, “L’odyssée du sacré” devient un manifeste pour une spiritualité démocratisée, accessible à tous, où la richesse du cœur prime sur les distinctions sociales et matérielles.

En glanant quelques idées dans l’ouvrage

Magie et religion

Citation
… Fidèles aux préjugés coloniaux de leur temps et à l’idéologie du progrès typique du xix e et de la première moitié du xxe siècle, ces anthropologues ont aussi établi une hiérarchie très problématique entre trois stades de l’humanité : un stade infantile, qui correspond aux peuples pratiquant la magie ; un stade plus rationnel, pour les sociétés religieuses (dont la société chrétienne serait la plus élaborée) ; et enfin un stade pleinement adulte, celui des sociétés modernes qui vivent sous le règne de la raison et de
la science. Comme le remarque Frédéric Keck, la magie apparaît à la croisée de deux phénomènes familiers aux sociétés modernes et essentiels à sa définition : la science et la religion. « La magie semble à première vue plus proche de la science que de la religion…”

Le tournant axial

Citation
“Le salut individuel et la relation personnelle qui s’instaure avec le dieu ou l’absolu modifient la pratique religieuse. Les prêtres ou l’élite n’ont plus l’apanage des rituels, et de nouveaux cultes se développent. Les rites liés à la nature sont délaissés, les sacrifi ces animaux, réalisés dans les religions agraires et polythéistes, n’ont plus cours, sauf dans le judaïsme et plus tard dans l’islam, comme le sacrifice du mouton. Monopolisé jusque-là par une poignée de médiateurs, le culte se démocratise. La quête de sens touche toutes les classes sociales. Quelle que soit sa richesse matérielle, chaque être humain est concerné par les sanctions et les bénéfices d’une vie morale et religieuse et cherche à perfectionner sa spiritualité. Les épreuves ne sont plus considérées comme des châtiments divins, mais comme des étapes dans l’accomplissement spirituel. La foi s’exprime à travers des formes moins ritualisées. En Inde, de nombreux ascètes se détachent des rites et appliquent les enseignements spirituels en se retirant dans la forêt”

Aux Origines de la Modernité : L’Éveil de la Conscience Critique au XVIIe Siècle

Dans l’effervescence intellectuelle du XVIIe siècle, émerge une réflexion profonde, une sorte de renaissance où la conscience se dresse, pour la première fois, comme pilier de l’existence humaine. Sous la plume inspirée de Frédéric Lenoir, ce chapitre éclaire dans un cadre historique et philosophique le sillage de géants tels que René Descartes, Baruch Spinoza et John Locke. Ces penseurs se sont attachés à émanciper la raison de la foi, dénotant l’avènement de l’autonomie du sujet, berceau de la modernité.
Descartes, par sa formule iconique “Je pense, donc je suis”, localise la conscience au cœur du Sujet. Il cloisonne la raison et la foi, dégageant le chemin pour la science naissante, une démarche que Hegel saluera comme le socle de la modernité. Spinoza, disciple mais non moins révolutionnaire, critique les fondements des théologies dominantes et insiste sur la séparation des pouvoirs politique et religieux. Il préconise un État de droit libéral, garantissant la liberté de conscience, en esquissant les premières ébauches de la démocratie moderne.
Là où la foi engendre superstition et servitude, la raison de Spinoza offre un horizon d’émancipation. Sa méthode critique et historique du texte biblique et sa vision moniste du divin dévoilent un Dieu immanent, infiniment intégré dans l’ordre naturel des choses, loin de toute intervention surnaturelle ou anthropomorphique. Ce faisant, Spinoza, avec sa vision radicalement nouvelle, prépare la voie aux philosophes des Lumières. Le lecteur est ainsi convié à une plongée dans les méandres de la pensée du XVIIe siècle, un voyage où se dénouent les fils de la superstition pour tisser ceux de la raison critique, pilier de notre modernité. Cette réflexion, bien que centenaire, interpelle notre contemporanéité : la raison face à la foi, l’autonomie du sujet, les fondements de nos démocraties et la nature de notre rapport au divin.
Frédéric Lenoir nous invite non seulement à comprendre, mais également à poursuivre ce dialogue avec le passé, peut-être pour mieux éclairer notre avenir. Un héritage qui dépasse le temps et les frontières, à redécouvrir, à débattre et à transmettre.

Au Cœur de l’Ésotérisme : Un Voyage Intemporel de Sagesse et de Mystères

Dans les méandres de l’esprit humain se tissent des mythes, des symboles et des traditions qui depuis la nuit des temps cherchent à percer le voile du visible pour toucher l’invisible. À cette quête millénaire, un terme est dédié : l’ésotérisme. Mais qu’englobe réellement ce mot, qui semble aussi mystérieux que ce qu’il désigne ? C’est à cette interrogation que Frédéric Lenoir, s’appuyant sur l’expertise d’Antoine Faivre, grand spécialiste contemporain, apporte un éclairage dans son étude approfondie de la pensée ésotérique.

Né de la plume de Jacques Matter en 1828, le mot “ésotérisme”, dérivé du grec “esoterikos” – “de l’intérieur, intime” –, fait référence à un enseignement secret destiné aux initiés. Cependant, ce cadre, bien que juste, ne saurait circonscrire l’ampleur et la profondeur des contenus ésotériques. Faivre, dans son ouvrage “L’Ésotérisme” (1992), pose les bases d’une structure en six piliers, des fondements que Lenoir explore et développe.

Premièrement, le principe d’analogie est érigé comme pilier central. Il est question de correspondances universelles où chaque élément – planètes, couleurs, organes et plus encore – est relié dans un vaste réseau d'”affinités électives”, selon le terme des alchimistes. C’est une vision où tout dans l’univers est interconnecté, articulé dans une danse éternelle.

Deuxièmement, la nature est perçue comme un organisme vivant, complexe, tissé de sympathies et d’antipathies. Cette vision holistique dépeint un monde unifié (unus mundus), une toile de vie animée par une âme mondiale, un concept ancestral qui traverse de nombreuses cultures et philosophies.

Troisièmement, l’imagination et les médiations – rituels, nombres, symboles, images – prennent une place prépondérante. Ils sont les clés qui déverrouillent les portes des dimensions spirituelles du cosmos, là où la raison scientifique atteint ses limites.

Quatrièmement, la transformation intérieure, où la quête de la connaissance se mue en un chemin de transmutation personnelle – à l’instar des alchimistes transformant le plomb en or, une métaphore de l’élévation de l’âme.

Cinquièmement, l’ésotérisme prône la concordance des traditions, affirmant une universalité de la connaissance spirituelle qui transcende les barrières linguistiques et culturelles.

Sixièmement, et non le moindre, le rôle de la transmission du savoir de maître à disciple, une dynamique essentielle pour éviter les écueils de l’orgueil et du subjectivisme, dans une continuité de sagesse partagée.

Cet exposé, loin d’être une simple restitution, est une invitation à comprendre l’ésotérisme comme un patrimoine immatériel de l’humanité, un héritage de connaissances et d’expériences qui invitent à la réflexion, à la découverte de soi et du monde. Frédéric Lenoir, passeur de lumière ? offre un passage vers ces profondeurs souvent insoupçonnées de l’esprit et de l’univers.

Vœux, oracles, inspirations…

La mode est aux « oracles » en boite. De belles boites avec de belles illustrations et des contenus très variés. Ça devient presque un genre sinon littéraire, du moins éditorial. Les éditeurs nous proposent de tirer des cartes inspirantes, des présages ou des thèmes de réflexion, de recherche sur soi et le monde.
Ne nous moquons pas, ne dénigrons pas. Si le genre se vend, si les « lecteurs », ces grands prêtres des oracles divinatoires, se précipitent sur ces objets désirables, ce n’est pas d’abord pour connaître l’avenir. C’est pour obtenir une réponse à quelque chose de bien plus profond : une quête de soi-même.
Dans la Grèce antique, l’oracle était la réponse donnée par un dieu, une sibylle, une pythie, à une question personnelle. Une question qui souvent engage l’avenir, bien sûr. Mais aujourd’hui ne s’agit-il pas surtout de trouver du sens à sa vie, de lui donner un cheminement, de trouver une voie qui nous corresponde vraiment ?

Quelques exemples de boites magiques.

L’oracle des anges, de Doreen Virtue (Docteur en psychologie)

Avec et oracle, ce sont nos anges que nous allons solliciter. Nous devons leur faire une demande précise, pour qu’ils soient en mesure de nous répondre.
L’auteur nous dit : « Nos anges gardiens sont toujours avec vous, même si vous n’êtes pas conscient de leur présence. Ils sont prêts à vous aider dans tous les domaines de la vie. (…). Les anges sont de puissants messagers de l’amour divin. Ils ne connaissent ni les limites de l’espace ni celles du temps et peuvent donc vous assister à tout moment et pour toute question, qu’elle vous semble petite, moyenne ou immense. Quand vous invitez les anges à vous aider dans tous les domaines de la vie, tout devient plus joyeux, plus sain et plus facile. Au lieu que vous luttiez pour obtenir satisfaction, les choses se font comme par magie au bon moment, votre santé s’améliore miraculeusement et la paix vous envahit.
J’ai conçu ce jeu de cartes oracles pour vous offrir des petits rappels quotidiens de l’amour et de la présence angéliques à vos côtés. (…) Puisque les cartes constituent un lien direct entre nous et nos anges, elles court-circuitent les blocages émotionnels. De plus, chacun de nous est en mesure de donner une interprétation correcte pour soi-même et pour autrui »
En ce 1er jour de l’an 2023, j’ai demandé aux anges si les éditions d’oracle que je présente à mes lecteurs sont vraiment intéressantes, utiles, facilitatrices, pour eux.
Et voici donc la réponse
ACCEPTATION
Voyez les autres et vous-même à travers le regard des anges, dans l’amour inconditionnel l’acceptation. Ainsi, vous inspirerez et élèverez chacun vers son plus haut potentiel.
Le message est bien clair, j’ai vraiment joué le jeu, et c’est une vraie réponse…

Une parole par jour de sagesse par Hugo – Image

Le format est ici plus classique et plus simple : à chaque jour sa parole de sagesse.
Alors voici celle du 1er Janvier.
« À partir d’aujourd’hui, décide d’un style, d’un genre de vie que tu garderas aussi bien seul que devant les autres. »
Epictète

Et voici ce qui inspirer l’auteur de ces choix de 365 maximes, Katherine Quénot
« Le Bouddha le dit très clairement « Votre vie vient de ce que vous pensez. Tout ce que vous êtes vient de ce que vous pensez. Généralement, nous ne voulons pos le croire. Nous pensons que notre bonheur ou notre malheur vient d’un milieu dans lequel on est né ou de notre horoscope. . . Parfois, on va un peu plus loin. On pense que ce qui fait notre vie, c’est la manière dont nos omis nous traitent, comment se posse notre journée ou travail (…). Mais ce n’est pas ce que le bouddha a dit. Ce qu’il a dit c’est que notre esprit est le maitre de notre vie. (…) ce qui nous fait agir, c’est le désir d’être heureux. (…) Le problème, c’est qu’en vivant ainsi, on devient des esclaves du bonheur. Or, le chemin de la sagesse est justement que nous ne soyons plus des esclaves. Et pour cela, nous devons retrouver notre indépendance aux conditions extérieures. C’est ce que disent la plupart de ces paroles de sagesse. On ne peut pas fonder sa vie sur le temps qu’il fait. »

Pin It on Pinterest