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L’odyssée du sacré – Frédéric Lenoir

Un voyage transhistorique et transculturel à la découverte de la spiritualité humaine, du mysticisme et des croyances qui transcendent le tangible

Frédéric Lenoir, avec la rigueur intellectuelle qui le caractérise, dresse un panorama exhaustif des pratiques spirituelles de l’humanité, depuis les rituels chamaniques de la Préhistoire jusqu’aux mouvements de quête de sens contemporains. Il se penche sur les grandes traditions spirituelles, religieuses, ésotériques de l’Orient à l’Occident, sans oublier l’animisme et la magie, dans un style narratif captivant et éclairé.

Son livre est la base indispensable que tous les transmetteurs de savoir, à commencer par les enseignants, devraient connaître, avoir comme point de repère majeur, au-delà des dogmes, des croyances, des endoctrinements, et de la confusion, qui sont le terrain actuel du discours sur le religieux, le spirituel, et sur ce qui peut être vécu aujourd’hui comme le sacré.
Son propos est une fusion entre récit historique et analyse théologique, et se décompose en deux parties principales.
–  La première est une fresque détaillée de l’évolution de la spiritualité humaine et comment celle-ci s’est transformée au fil des bouleversements sociétaux. Frédéric Lenoir y expose sa thèse centrale : le sacré et la religiosité humains sont en constante mutation, reflets des changements dans les modes de vie de notre espèce.
– La seconde partie aborde une question fondamentale : pourquoi l’Homo sapiens, seul parmi les animaux, a-t-il développé un sentiment spirituel et religieux si profond? L’auteur explore les perspectives des grandes traditions spirituelles et religieuses, mais également les critiques des penseurs matérialistes tels que Feuerbach, Nietzsche, et Freud, qui ont remis en question la religion comme source d’illusion et d’aliénation. Il ne s’arrête pas là et souligne les tentatives de penseurs comme Jung, Bergson et Frankl, qui ont réhabilité la spiritualité en tant qu’expérience universelle et expérientielle. Lenoir va jusqu’à s’intéresser aux apports des neurosciences et de la psychologie cognitive dans notre compréhension des liens entre le cerveau et la spiritualité.
Dans cette exploration, il accorde une importance particulière aux croyances universelles, telles que l’astrologie, la magie, la sorcellerie et les relations avec l’au-delà, mettant en lumière leur rôle dans la conscience humaine. Frédéric Lenoir ne se contente pas d’un constat historique ou scientifique; il postule que la spiritualité est une composante intrinsèque de l’être humain, essentielle à son développement depuis ses origines et qui persistera aussi longtemps que l’humanité existera. Face aux enjeux contemporains, notamment écologiques, il invite à un “supplément d’âme”, reprenant les mots de Bergson, et à une élévation morale et spirituelle de notre conscience.

Révolution de la conscience : L’ère de la spiritualité individuelle selon Frédéric Lenoir

Frédéric Lenoir, après avoir exploré, de manière passionnante la naissance de l’aventure spirituelle de l’humanité, la préhistoire, aube du sacré, puis le néolithique,  et la naissance des dieux, explore ce qu’il qualifie comme l’époque la plus transformatrice de l’histoire spirituelle de l’humanité : le tournant axial. Située entre 800 et 200 avant notre ère, cette période marque, selon les mots de Marcel Gauchet, une “immense ébranlement” spirituel, propulsée par l’émergence de l’État et son aspiration à l’universel. Il décrit ce moment comme une véritable révolution néolithique de la spiritualité, où l’individu commence à s’élever au-dessus du collectif. C’est un tournant où les êtres humains se voient non plus simplement comme membres d’un clan ou d’une cité, mais comme des entités individuelles, responsables de leur propre destin. Dans cette époque de transformation, l’individualité prend une nouvelle importance et avec elle, une quête personnelle du sacré s’élance. Les anciennes religions polythéistes, axées sur la communauté, laissent place à une spiritualité qui tient compte de la quête de salut individuel. Le bonheur éternel – que ce soit le paradis des monothéismes ou le nirvana des philosophies orientales – devient l’objectif ultime de la vie morale individuelle.
La notion d’éthique s’impose alors comme pierre angulaire des religions du salut. Les textes sacrés et les enseignements spirituels appellent à une vie vertueuse non plus pour satisfaire les dirigeants terrestres, mais pour se conformer à des principes universels qui déterminent le sort de l’âme dans l’au-delà. La justice divine ou le karma deviennent les mesures de la rétribution morale.
Ce changement monumental décrit par Frédéric Lenoir est un appel à la connaissance de soi et à une relation directe et personnelle avec le divin. Le livre de Lenoir est une invitation à comprendre que, quelles que soient les époques, la recherche du bonheur intérieur et de la vérité éthique restent au cœur de l’expérience humaine. Dans ce cadre, “L’odyssée du sacré” devient un manifeste pour une spiritualité démocratisée, accessible à tous, où la richesse du cœur prime sur les distinctions sociales et matérielles.

En glanant quelques idées dans l’ouvrage

Magie et religion

Citation
… Fidèles aux préjugés coloniaux de leur temps et à l’idéologie du progrès typique du xix e et de la première moitié du xxe siècle, ces anthropologues ont aussi établi une hiérarchie très problématique entre trois stades de l’humanité : un stade infantile, qui correspond aux peuples pratiquant la magie ; un stade plus rationnel, pour les sociétés religieuses (dont la société chrétienne serait la plus élaborée) ; et enfin un stade pleinement adulte, celui des sociétés modernes qui vivent sous le règne de la raison et de
la science. Comme le remarque Frédéric Keck, la magie apparaît à la croisée de deux phénomènes familiers aux sociétés modernes et essentiels à sa définition : la science et la religion. « La magie semble à première vue plus proche de la science que de la religion…”

Le tournant axial

Citation
“Le salut individuel et la relation personnelle qui s’instaure avec le dieu ou l’absolu modifient la pratique religieuse. Les prêtres ou l’élite n’ont plus l’apanage des rituels, et de nouveaux cultes se développent. Les rites liés à la nature sont délaissés, les sacrifi ces animaux, réalisés dans les religions agraires et polythéistes, n’ont plus cours, sauf dans le judaïsme et plus tard dans l’islam, comme le sacrifice du mouton. Monopolisé jusque-là par une poignée de médiateurs, le culte se démocratise. La quête de sens touche toutes les classes sociales. Quelle que soit sa richesse matérielle, chaque être humain est concerné par les sanctions et les bénéfices d’une vie morale et religieuse et cherche à perfectionner sa spiritualité. Les épreuves ne sont plus considérées comme des châtiments divins, mais comme des étapes dans l’accomplissement spirituel. La foi s’exprime à travers des formes moins ritualisées. En Inde, de nombreux ascètes se détachent des rites et appliquent les enseignements spirituels en se retirant dans la forêt”

Aux Origines de la Modernité : L’Éveil de la Conscience Critique au XVIIe Siècle

Dans l’effervescence intellectuelle du XVIIe siècle, émerge une réflexion profonde, une sorte de renaissance où la conscience se dresse, pour la première fois, comme pilier de l’existence humaine. Sous la plume inspirée de Frédéric Lenoir, ce chapitre éclaire dans un cadre historique et philosophique le sillage de géants tels que René Descartes, Baruch Spinoza et John Locke. Ces penseurs se sont attachés à émanciper la raison de la foi, dénotant l’avènement de l’autonomie du sujet, berceau de la modernité.
Descartes, par sa formule iconique “Je pense, donc je suis”, localise la conscience au cœur du Sujet. Il cloisonne la raison et la foi, dégageant le chemin pour la science naissante, une démarche que Hegel saluera comme le socle de la modernité. Spinoza, disciple mais non moins révolutionnaire, critique les fondements des théologies dominantes et insiste sur la séparation des pouvoirs politique et religieux. Il préconise un État de droit libéral, garantissant la liberté de conscience, en esquissant les premières ébauches de la démocratie moderne.
Là où la foi engendre superstition et servitude, la raison de Spinoza offre un horizon d’émancipation. Sa méthode critique et historique du texte biblique et sa vision moniste du divin dévoilent un Dieu immanent, infiniment intégré dans l’ordre naturel des choses, loin de toute intervention surnaturelle ou anthropomorphique. Ce faisant, Spinoza, avec sa vision radicalement nouvelle, prépare la voie aux philosophes des Lumières. Le lecteur est ainsi convié à une plongée dans les méandres de la pensée du XVIIe siècle, un voyage où se dénouent les fils de la superstition pour tisser ceux de la raison critique, pilier de notre modernité. Cette réflexion, bien que centenaire, interpelle notre contemporanéité : la raison face à la foi, l’autonomie du sujet, les fondements de nos démocraties et la nature de notre rapport au divin.
Frédéric Lenoir nous invite non seulement à comprendre, mais également à poursuivre ce dialogue avec le passé, peut-être pour mieux éclairer notre avenir. Un héritage qui dépasse le temps et les frontières, à redécouvrir, à débattre et à transmettre.

Au Cœur de l’Ésotérisme : Un Voyage Intemporel de Sagesse et de Mystères

Dans les méandres de l’esprit humain se tissent des mythes, des symboles et des traditions qui depuis la nuit des temps cherchent à percer le voile du visible pour toucher l’invisible. À cette quête millénaire, un terme est dédié : l’ésotérisme. Mais qu’englobe réellement ce mot, qui semble aussi mystérieux que ce qu’il désigne ? C’est à cette interrogation que Frédéric Lenoir, s’appuyant sur l’expertise d’Antoine Faivre, grand spécialiste contemporain, apporte un éclairage dans son étude approfondie de la pensée ésotérique.

Né de la plume de Jacques Matter en 1828, le mot “ésotérisme”, dérivé du grec “esoterikos” – “de l’intérieur, intime” –, fait référence à un enseignement secret destiné aux initiés. Cependant, ce cadre, bien que juste, ne saurait circonscrire l’ampleur et la profondeur des contenus ésotériques. Faivre, dans son ouvrage “L’Ésotérisme” (1992), pose les bases d’une structure en six piliers, des fondements que Lenoir explore et développe.

Premièrement, le principe d’analogie est érigé comme pilier central. Il est question de correspondances universelles où chaque élément – planètes, couleurs, organes et plus encore – est relié dans un vaste réseau d'”affinités électives”, selon le terme des alchimistes. C’est une vision où tout dans l’univers est interconnecté, articulé dans une danse éternelle.

Deuxièmement, la nature est perçue comme un organisme vivant, complexe, tissé de sympathies et d’antipathies. Cette vision holistique dépeint un monde unifié (unus mundus), une toile de vie animée par une âme mondiale, un concept ancestral qui traverse de nombreuses cultures et philosophies.

Troisièmement, l’imagination et les médiations – rituels, nombres, symboles, images – prennent une place prépondérante. Ils sont les clés qui déverrouillent les portes des dimensions spirituelles du cosmos, là où la raison scientifique atteint ses limites.

Quatrièmement, la transformation intérieure, où la quête de la connaissance se mue en un chemin de transmutation personnelle – à l’instar des alchimistes transformant le plomb en or, une métaphore de l’élévation de l’âme.

Cinquièmement, l’ésotérisme prône la concordance des traditions, affirmant une universalité de la connaissance spirituelle qui transcende les barrières linguistiques et culturelles.

Sixièmement, et non le moindre, le rôle de la transmission du savoir de maître à disciple, une dynamique essentielle pour éviter les écueils de l’orgueil et du subjectivisme, dans une continuité de sagesse partagée.

Cet exposé, loin d’être une simple restitution, est une invitation à comprendre l’ésotérisme comme un patrimoine immatériel de l’humanité, un héritage de connaissances et d’expériences qui invitent à la réflexion, à la découverte de soi et du monde. Frédéric Lenoir, passeur de lumière ? offre un passage vers ces profondeurs souvent insoupçonnées de l’esprit et de l’univers.

Thérapie de la cohérence

La thérapie de la cohérence

La thérapie de la cohérence est une approche innovante en psychothérapie qui tire parti des découvertes récentes en neurosciences pour aider à modifier les mémoires émotionnelles. Pour bien comprendre cette thérapie, examinons d’abord le contexte plus large de la psychothérapie et de la gestion des mémoires émotionnelles.

1. Les mémoires émotionnelles en psychothérapie : Depuis les débuts de la psychothérapie, les professionnels ont dû composer avec les mémoires émotionnelles de leurs patients. Une question fondamentale dans l’histoire de la psychothérapie a été de savoir si ces mémoires émotionnelles, souvent vécues comme indélébiles, peuvent être modifiées. Pendant longtemps, il était communément admis que ces souvenirs émotionnels intenses étaient difficiles à changer (Ledoux, 1996), ce qui posait un dilemme aux thérapeutes. Devaient-ils simplement espérer que ces réponses émotionnelles disparaissent avec le temps, même si cela n’était pas garanti, ou devaient-ils apprendre à composer avec ces émotions tout en continuant à vivre selon leurs valeurs ?

2. La découverte de la reconsolidation de la mémoire : Une avancée significative en neurosciences a changé la donne. On a découvert le processus de reconsolidation de la mémoire, qui offre des perspectives prometteuses pour la modification des mémoires émotionnelles. Lorsqu’une mémoire émotionnelle est réactivée, elle devient temporairement instable au niveau synaptique. Cette apparente solidité émotionnelle est principalement due au fait que ces souvenirs sont généralement réactivés dans des situations similaires à celles où ils ont été créés. En conséquence, ils se rétablissent de manière très similaire à l’apprentissage initial. Par exemple, si vous avez tendance à ressentir de la jalousie lorsque votre partenaire se trouve dans une situation d’infidélité présumée, cette émotion se réactivera lors de situations similaires, renforçant ainsi la mémoire émotionnelle.

3. Modifier les mémoires émotionnelles grâce à la reconsolidation : Ce qui est passionnant, c’est qu’il est désormais possible d’utiliser la réactivation de la mémoire émotionnelle pour la modifier de manière significative. Une fois que la mémoire émotionnelle est réactivée et qu’elle est intégrée dans la mémoire de travail (une mémoire à court terme), elle devient plus sensible aux expériences qui ne correspondent pas à ses attentes, ce que les neuroscientifiques appellent une “erreur de prévision”. De plus, contrairement à d’autres approches, où l’extinction de la mémoire nécessite de multiples expositions et reste fragile, ce processus d’apprentissage se produit rapidement et est durable. En termes de neurosciences, cela implique des changements synaptiques plutôt que la création d’un nouvel apprentissage concurrent.

La thérapie de la cohérence exploite les découvertes récentes en neurosciences pour aider les individus à modifier leurs mémoires émotionnelles. Elle repose sur le processus de reconsolidation de la mémoire, qui permet de rendre ces mémoires plus flexibles et adaptatives. Cela ouvre la porte à des interventions psychologiques plus précises et efficaces pour aider les individus à faire face à leurs émotions et à vivre en harmonie avec leurs valeurs. Cette approche offre un nouvel espoir pour ceux qui cherchent à changer des schémas émotionnels indésirables.

Une séance de thérapie de la cohérence

Une séance de thérapie de la cohérence, menée par Sophie Côté (Voir la vidéo), se déroule de manière concrète et expérientielle pour aider les patients à modifier leurs mémoires émotionnelles. Voici comment cela se passe :

1. Choix de la priorité : Au début de la séance, le thérapeute, en l’occurrence Sophie Côté, encourage la personne à choisir une priorité, c’est-à-dire un symptôme ou un problème spécifique qui revient régulièrement dans sa vie. Cela peut être quelque chose lié à des pensées, des émotions, des réactions physiologiques ou des comportements.

2. Exploration du symptôme : Le thérapeute guide la personne pour décrire en détail le symptôme choisi. Ils examinent comment ce symptôme se manifeste, quels sont les schémas de pensée associés, les émotions qui surgissent, les réactions physiologiques et les comportements qui en découlent. Ils cherchent à comprendre dans quelles situations le symptôme se produit fréquemment.

3. Création d’exercices expérientiels : Ensuite, le travail consiste à créer des exercices expérientiels. Ces exercices sont conçus pour mettre en contact la personne avec les mémoires émotionnelles associées au symptôme. L’objectif est de faire émerger les apprentissages émotionnels et de permettre au patient de ressentir pleinement ses émotions liées au symptôme.

4. Modification des mémoires émotionnelles : Les exercices expérientiels visent à perturber les schémas habituels en confrontant la personne à des expériences contradictoires à ce que prédisent ses mémoires émotionnelles. Par exemple, en créant une expérience où le cerveau ne perçoit pas le thérapeute comme une menace, même si le symptôme anticipait une réaction négative.

5. Mise à jour des apprentissages implicites : La thérapie de la cohérence se base sur l’idée que les apprentissages émotionnels se produisent principalement par des expériences vécues, et non par des connaissances intellectuelles. Par conséquent, ces expériences expérientielles sont conçues pour mettre à jour les apprentissages implicites dans la mémoire émotionnelle du patient.

6. Consolidation du changement : Une fois que les mémoires émotionnelles sont perturbées et que de nouvelles expériences sont intégrées, le patient peut commencer à percevoir le monde et ses réponses émotionnelles d’une manière différente. Le changement devient une évidence, et la trace mémorielle est activable de manière positive.

7. Répétition et consolidation : Le processus de reconsolidation se poursuit dans les séances suivantes. Le patient peut être exposé à de nouvelles expériences qui renforcent le changement ou même vivre des transformations dans sa vie quotidienne, où les schémas émotionnels ne se comportent plus comme prévu.

8. Pas d’interprétation par le thérapeute : Il est important de noter que le thérapeute de la cohérence évite d’interpréter ou de révéler au patient le contenu de son inconscient. L’accent est mis sur la création d’expériences pour que le cerveau du patient puisse mettre à jour ses propres apprentissages émotionnels.

9. Exemple concret : Un exemple concret donné par Sophie Côté concerne une patiente qui avait peur de dire “non” aux autres, craignant des conséquences négatives. En travaillant avec elle, Sophie a créé une expérience où la patiente a dû dire “non” à des demandes du thérapeute tout en imaginant qu’elle était en train de caresser un chien. Cette expérience a perturbé les schémas émotionnels existants de la patiente et lui a permis de voir le thérapeute différemment, ce qui a progressivement modifié sa réaction émotionnelle.

La thérapie de la cohérence se concentre sur la création d’expériences pour perturber les mémoires émotionnelles et favoriser des changements positifs. Elle repose sur la neurobiologie de la reconsolidation de la mémoire et se déroule de manière active et expérientielle, avec un fort accent sur la collaboration entre le patient et le thérapeute pour permettre au patient de mettre à jour ses propres apprentissages émotionnels.

Dans l’émission de France Inter 
“La véritable utilité de la mémoire, c’est de prédire l’avenir” – Pierre Cousineau au micro de Charles Pépin



Pour en savoir plus:

Descartes au pays du Qi Gong

Les neurosciences et les arts énergétiques taoïstes – HENRI TSIANG

Ce livre apporte une lumière très claire sur le Qi Gong, mais pas seulement. Sur les liens entre les grands thèmes de la spiritualité. A commencer par le lien corps-esprit. Mais aussi, le lien, aujourd’hui indispensable avec les sciences cognitives. Plusieurs chapitres sont consacrés, successivement, aux approches scientifiques occidentales :

  • La science de l’homme en Occident
  • La révolution de la neuroplasticité, une nouvelle vision du fonctionnement de notre cerveau
  • Des neurones miroirs aux neurones mémoire, copier et apprendre

Extraits

CORPS ET ESPRIT

J’ai compris le rôle fondamental que le taoïsme a joué ans la relation de l’homme à la nature, sans pour autant aborder la question de la religion. Il a largement participé à la vision sur l’unicité du couple esprit/corps dont le concept commence à  prendre place dans les pays occidentaux. J’ai appris à quel point les exercices de Qi Gong relient ces deux entités dans une indissociable continuité. Au-delà des gestes visibles provenant des mouvements du corp s’élabore une alchimie subtile interne qui ouvre à une autre dimension dans la compréhension holistique de l’humain. Elle se poursuit par la découverte des perceptions intérieures de son propre corps donnant accès à d’autres dimensions dans ses relations avec le monde extérieur, notamment par la perception de l’espace. Le Qi Gong est littéralement l’outil qui permet de partir à l’exploration de soi : de ce corps jusque-là inconnu dans lequel pourtant nous vivons et de ce cerveau dans les méandres desquels nous passons notre temps nous égarer. Il en résulte une perception renforcée de la conscience de soi et de sa place dans le monde.

LA VOIE DU TAÔISME

Pour les taoïstes, l’homme n’a aucune mission à remplir ni le besoin de donner un sens à sa vie. Il se contente de se promener sur le chemin de son existence, le tao, qui peut se traduire par la voie. L’important n’est pas le but de ce cheminement, c’est le cheminement lui-même. Ainsi, la voie ne mène pas nécessairement à un but. La notion d’un objectif à atteindre semble illusoire, seul le moment présent et le pas s’effectuant sur le chemin sont importants. L’aspect cyclique de la vie est également une donnée importante pour les taoïstes. Tout est éternel recommencement.

Sur le plan sociétal, l’épanouissement de l’individu en Asie ne passe pas par la conquête d’une liberté individuelle sociale jugée illusoire, mais par la recherche d’une sérénité intérieure, fruit d’un apprentissage continu. Le trait le plus frappant du taoïsme est le développement de la perception de l’invisible. La perception de l’invisible peut s’illustrer par la capacité à considérer l’essence des évènements plutôt que les évènements eux-mêmes.

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LA SUITE (Des clés qui donnent envie de lire ce livre)

  • Neurones miroirs, neurones mémoires : l’utilisation des étapes de la mémoire par les exercices de Qi Gong…
  • Culture et symboles de la respiration5
  • Taoïstes et neurobiologistes… Le second cerveau
  • La mémoire du cœur, et l’eau régulatrice
  • Le concept Yin/Yang
  • Gestes et postures pour activer le QI
  • Méditation et neurosciences, méditation et pratique du Qi Gong

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Par ailleurs, pour les débutants et tous ceux qui voudraient visualiser les pratiques de Qi Gong, une vidéo d’illustration (qui n’est pas du tout liée au livre ni à l’auteur)

Psychologie transpersonnelle et EMC

L’interview de Johann Henry par Jean-Marc Blancherie

Un livre écrit à trois, un côté rigoureux, sérieux, dans ce champ de la psychologie transpersonnelle, où l’on entendait des choses qui partaient un peu dans tous les sens.
Ses origines, ses concepts, et sa pratique… ce livre fait vraiment le tour du sujet. Et pourtant le départ de cette approche, à la fois de la spiritualité et de la psychologie humaine est étonnant, loin des sentiers battus.
Impossible d’en faire tout le tour, mais voici quelques extraits qui donnent une idée de l’importance et de l’intérêt de ce travail.
Et pour commencer, presque le plus simple, une des sources inspirant la psychologie transpersonnelle : Carl Jung.

Extraits

JUNG

Jung développe une psychologie ouverte à la parapsychologie, aux anomalies et aux psychologies non occidentales.

  • Il postule des processus inconscients communs à tous les êtres humains.
  • Il s’intéresse aux archétypes et à leurs formes culturelles, reliant psychologie et mythologie.
  • Il repense le principe de causalité, reliant faits objectifs, faits psychiques, probabilité et attribution de sens.

Les auteurs

 

Cyrille CHAMPAGNE dirige un centre de recherche sur les expériences et les pratiques hypnotiques. Il exerce comme psychopraticien hypnologue, et forme des professionnels en dynamiques émotionnelles et relationnelles. Il défend l’approche constructiviste comme étant une clé de la compréhension de l’expérience humaine et de l’accompagnement thérapeutique.

 

Johann HENRY exerce la psychothérapie transpersonnelle et intégrale à Genève. Il anime régulièrement des sessions de respiration holotropique, en individuel et en groupe. En parallèle, il forme des thérapeutes et des soignants à l’écoute et à la relation thérapeutique, et supervise des équipes de travailleurs sociaux. Il est l’un des rares spécialistes francophones de la psychologie intégrale (K. Wilber).

 

Muriel ROJAS ZAMUDIO s’est orientée vers la psychanalyse et l’approche transpersonnelle. Auteure d’ouvrages de vulgarisation sur le recours aux images archétypales en psychothérapie et d’articles destinés à ses pairs, elle travaille actuellement sur l’intérêt d’un dialogue entre arts, spiritualité et psychanalyse dans l’accompagnement des névroses.

 

Aux origines aussi, des approches, des cultures, des pratiques, qui ne sont pas d’habitude en lien avec la psychologie.

LES DOCTRINES DU THÉOSOPHISME ET DU NEW AGE

À la fin du XIXe siècle, différents courants de croyances quant au fonctionnement de l’esprit humain et de l’expérience humaine sont en concurrence dans l’idéologie populaire européenne, récemment libérée des dogmes religieux institutionnels et portée par la philosophie méthodique et relativiste des lumières. La psychologie expérimentale, qui s’inspire des méthodologies de la biologie, émerge progressivement via les travaux de Gustave Fechner (1801-1887), Wilhelm Wundt (1832-1920) et Théodule Ribot (1839-1916). Cette discipline ne pénètrera l’idéologie populaire qu’au milieu du XXe siècle par la diffusion des propositions conceptuelles de psychanalystes, telles que la notion d’inconscient de Sigmund Freud (1856-1939), ou de comportementalistes, telles que la notion de conditionnement d’Ivan Pavlov (1849-1936),

LES INFLUENCES CULTURELLES

(…) Ainsi émerge en Occident un « dualisme conscience-énergie », réunissant les courants autrefois nommés « spiritualistes » et « psychofluidistes », puis « spirites » et « magnétiseurs », où le corps humain possèderait un statut psychophysique qui se nommera bientôt « énergétique » ; et où l’esprit humain serait une partie d’une conscience au-delà de l’individuel, littéralement transpersonnelle, dotée de pouvoirs sur la matière, et permettant une relation dialogique avec des agents surnaturels. À partir des années 1920, cette doctrine est véhiculée par le new-age, qui se développe au travers de très nombreux ouvrages, et s’ancre dans l’imaginaire populaire occidental . Dans les années 1950, la culture américaine s’en empare, alors qu’il connaît un essor considérable dopé par le mouvement hippie des années 1960. Marque de son intégration au niveau socioculturel, la métaphysique conscience-énergie commence à être mobilisée comme une véritable épistémologie (au sens d’un cadre explicatif des phénomènes vécus). C’est-à-dire qu’elle va désormais servir, populairement, de base conceptuelle pour interpréter et appréhender de nombreuses expériences : personnelles, émotionnelles, familiales, motivationnelles, religieuses…

LES PHASES DE KEN WILBER

Il est l’un des fondateurs de la psychologie transpersonnelle, et a évolué vers la “Psychologie intégrale”. Il est connu pour son modèle de développement de la conscience selon 8 stades. Ces stades se répartissent selon 3 phases :

  • Prépersonnelle : c’est le stade de l’enfant, marqué par l’égocentrisme tant dans ses relations interpersonnelles que dans ses processus cognitifs. Le Surmoi, représentant notamment l’intégration des normes sociales transmises par l’éducation, n’est pas encore suffisamment opérationnel. La conscience prépersonnelle agit librement au gré de ses pulsions, elle est donc potentiellement « déviante » du point de vue de la société. Ce stade est prédominé par les processus corporels ;
  • Personnelle : c’est le stade de l’adulte qui a bien intégré les normes sociales du vivre ensemble (stade névrotique pour la psychanalyse). L’individu trouve son identité en lien avec le groupe social auquel il participe et y constitue un facteur de stabilité. Grâce au développement du mental, la conscience devient progressivement capable de se mettre à la place de l’autre, et de comprendre des points de vue différents du sien
  • Transpersonnelle : c’est le stade où la conscience transcende à la fois le corps et le mental, prédominant dans les deux stades précédents, pour entrer dans un rapport au monde « vivant et immédiat », c’est-à-dire en dehors des catégorisations héritées du mental et de l’éducation. La conscience s’éveille ainsi progressivement au « monde de l’Esprit », invisible tant pour les yeux physiques que pour le mental. Du fait qu’il transcende les règles sociales, l’individu en conscience transpersonnelle est potentiellement perçu comme un élément subversif au sein de la société.

Ces trois phases correspondent donc à des modes de fonctionnement foncièrement différents • prépersonnelle personnelle —+ transpersonnelle prérationnelle -+ rationnelle -+ transrationnelle subconscient —+ conscience de soi -+ supraconscient…

L’EXPLORATION ET L’UTILISATION DE L’IMAGINAIRE

L’utilisation de l’imaginaire est très présente dans les techniques reliées à la psychothérapie transpersonnelle. Le phénoménologies et les comportements induits par l’activité imaginative autorisent à catégoriser les expériences mobilisant l’imaginaire comme des états modifiés de Conscience. En effet, ces expériences répondent bien au critère de « déviation de l’expérience subjective par rapport aux normes de l’individu Dans les cultures occidentales, les individus portent très rarement leur attention sur des contenus imaginaires activement stimulés, et l’utilisation active de l’imaginaire constitue pour eux une expérience subjective très inhabituelle et hors-norme. Par utilisation de l’imaginaire, nous entendons ici une expérience d’immersion complète de l’attention dans les représentations imaginales : non pas de simples évocations, mais de véritables perceptions de contenus imaginés,  sous forme d’images (symboles, paysages, personnages), de sons (ambiances, dialogues), et de sensations physiques (intéroception, toucher, système vestibulaire). Il ne s’agit donc pas de « penser à » une situation imaginaire, mais bien imaginer activement les contenus et d’en expérimenter le vécu. L’imaginaire est alors vécu dans le corps, et apparait subjectivement comme véhiculé par les capteurs sensoriels, de manière très analogue à l’expérience du rêve. Cette caractéristique conduit Robert Desoille (1890-1966) à désigner ces expériences par le vocable “rêve éveillé”. Toutefois, à la différence du rêve, le sujet reste parfaitement conscient que l’expérience est imaginée, et il la différencie du monde sensible. (…) Ces expériences imaginales sont accessibles de manière étonnamment rapide, elles ne nécessitent que très peu d’entraînement pour être vécues de manière stable et profonde, et semblent se déployer de manière automatique dès qu’elles sont stimulées. Au XXe siècle, plusieurs chercheurs se sont intéressés à des techniques permettant d’explorer ainsi l’imaginaire.
(…) De notre observation, aujourd’hui seules quelques méthodes d’accompagnement utilisent, à des degrés divers, des techniques imaginales approfondies : psychothérapie transpersonnelle, psychosynthèse, hypnose, sophrologie, yoga nidra et néo-chamanisme. Toutefois, si les praticiens de ces méthodes mobilisent ces techniques et en observent des effets, les ressorts de celles-ci leur restent majoritairement inconnus. Les correspondances que nous avons indiquées entre phénoménologie imaginale, états de conscience spécifiques et affects spécifiques, incitent à approfondir la recherche dans ce domaine.

VERS LE DEVELOPPEMENT TRANSPERSONNEL

quand le développement personnel vise à révéler la singularité de l’individu au-delà des conditionnements du collectif, lui permettant ainsi de trouver et d’exprimer librement son plein potentiel (passage de la dépendance à l’indépendance), le développement transpersonnel serait l’ensemble des outils et des pratiques favorisant l’émergence et le déploiement de cette conscience transpersonnelle, holonique, simultanément individuelle et collective, singulière et universelle, formelle et (progressivement) subtile. En renforçant la conscience non pas du Moi (conscience prépersonnelle égocentrique), ni même du Je (conscience personnelle ethnocentrée voire mondo-centrée), mais celle du Nous (conscience transpersonnelle kosmocentrée qui transcende et inclut à la fois le Moi et le Je), le développement transpersonnel aiderait à libérer le potentiel des collectifs, qu’ils soient petits (une famille, une équipe) ou plus vastes (la société, l’humanité), voire interespèces (incluant les vivants humains et non humains). Tandis que le développement personnel a permis aux individus de se différencier en tant que cellule, unique, autonome et efficace, les pratiques de développement transpersonnel permettraient de (ré)intégrer la conscience-cellule individuelle au sein de la conscience-organe (groupe) à laquelle elle participe, elle-même intégrée dans la conscience-organisme (métagroupe) au sein de laquelle elle œuvre, et ainsi de suite.

DES PRATIQUES PSYCHOTHERAPEUTIQUES INTEGRATIVES

L’exemple de Johann Henry (l’interviewé) : alliant essentiellement inspirations psychanalytique, gestaltiste, transpersonnelle et intégrale. Son intérêt, tant dans ses recherches que dans sa pratique clinique, se porte tout particulièrement sur l’accompagnement de la délicate transition entre les stades de conscience dits « personnels » et les stades dits « transpersonnels ». À cette fin, il aime explorer, notamment dans les sessions de groupe qu’il anime, le potentiel d’alliance entre la respiration holotropique, la méditation, les pratiques corporelles et le psychodrame transpersonnel.

Celui de Muriel Rojas Zamudio : diplômée en Arts et Lettres (arts scéniques et plastiques), avant de s’orienter vers la psychanalyse puis la psychologie transpersonnelle. Elle se positionne en tant que praticienne dont le travail se nourrit d’apports multiréférentiels — auteurs et techniques que la clinique invite à (re)visiter —, c’est dans les médiations artistiques et l’art-thérapie éclairés par la psychanalyse qu’elle a finalement trouvé l’espace exploratoire lui permettant d’articuler ce qui fonde sa pratique : l’expression artistique comme forme de langage de l’imaginaire, la posture du thérapeute comme pivot de l’accompagnement, et le questionnement du vécu, passé ou présent, comme ouverture vers un au-delà du Moi (identité ontologique, inscription dans l’espèce humaine, sens de l’expérience humaine, etc.).

Cyrille Champagne : ses recherches questionnent les effets cognitifs et comportementaux des techniques et des grilles de lecture mobilisées par les différentes pratiques de l’accompagnement (thérapies, développement personnel, coaching…). En particulier, elles étudient les interactions entre attentes, expériences vécues, et interprétations de ces expériences. Cyrille Champagne enseigne sur ces thèmes, sous forme de conférences « Hypnologie », rediffusées en vidéo sur la chaîne YouTube de I’ARCHE. Il soutient une information publique quant aux aprioris culturels et quant aux finalités des différentes pratiques de l’accompagnement, et il défend l’intérêt d’une éducation à la psychologie, à la relation à autrui, et à une hygiène cognitive et émotionnelle.

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